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Bienêtre, Communauté scolaire, Politique

Dessiner la nouvelle réalité

Les parents bénévoles sont prêts

Dès la fermeture des écoles en mars 2020, les parents d’élèves ont été aux premières loges, souvent désemparés, pour constater les effets de la pandémie et des changements dans la fréquentation scolaire sur leurs enfants. Dans ces circonstances exceptionnelles, les parents ont entre autres observé un manque de motivation des jeunes, des difficultés d’adaptation à l’école à distance et une baisse des résultats scolaires après la réception du premier bulletin, selon les résultats de sondages réalisés par la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) depuis le début de l’année scolaire 2020-2021. À titre d’exemple, des parents dont les enfants réussissent bien à l’école en temps normal ont constaté une baisse des résultats scolaires de leurs jeunes, qui ont souffert du manque de socialisation et d’activités motivantes. Ces parents, sans offre de soutien supplémentaire pendant plusieurs mois, se sont sentis isolés et impuissants pour accompagner leurs enfants vers la réussite.

Dès mai 2020, 63 % des 43 000 parents ayant participé à un sondage de la FCPQ indiquaient ne pas pouvoir offrir un encadrement et un soutien adéquats à leurs enfants dans un contexte d’école à distance. Les parents ont rapidement tiré la sonnette d’alarme pour demander du soutien au milieu scolaire et au gouvernement.

Des ajustements pour les écoles et les familles

Nous devons toutefois souligner que, malgré les difficultés et les choix effectués dans le reste du pays, le gouvernement québécois a pris la décision de rouvrir les écoles primaires à l’extérieur du Grand Montréal au printemps et a priorisé de garder toutes les écoles ouvertes depuis la rentrée 2020-2021, sauf en cas d’éclosions. Pour les parents, l’école en présence est garante d’une plus grande réussite des élèves, notamment des élèves en difficulté ou ayant des besoins particuliers. En effet, le personnel scolaire est davantage en mesure de remarquer les difficultés et d’offrir du soutien et des services lorsque les élèves sont physiquement à l’école. L’école assure aussi un filet social pour les élèves vulnérables qu’il est primordial de garder en place. Lorsque les écoles ont fermé au printemps 2020, de nombreux élèves bénéficiant de services éducatifs et de soutien personnalisés se sont retrouvés sans cet accompagnement.

Les élèves de 3e à 5e secondaire (10e et 12e année) qui n’étaient physiquement à l’école qu’un jour sur deux ont été particulièrement touchés par les baisses de résultats et le manque de motivation. L’école à distance a chamboulé les modes d’apprentissage et la concentration, ce qui a eu un effet sur les résultats scolaires et le bienêtre des élèves.

Un prudent retour à la normale

La perspective du retour à la « normale », pour nos écoles et l’ensemble de la société, est donc accueillie avec soulagement par plusieurs. Elle est cependant vue avec appréhension par d’autres. La normale ne signifie pas le meilleur dans tous les domaines et pour tout le monde.

La pandémie a exacerbé des problèmes qui existaient déjà. Nous pouvons penser à la pénurie de personnel scolaire et à la désuétude de bâtiments, qui sont discutées dans l’espace public et qui méritent l’attention des décideurs. Le retour à la « normale » ramène ces défis et plusieurs autres sur la table.

Communiquer pour mieux coéduquer

Les comités de parents mettent de l’avant un autre enjeu qui a été mis en lumière pendant la pandémie : les communications entre l’école et les familles. Dans l’impossibilité de se rendre à l’école pour rencontrer les enseignantes et enseignants, beaucoup de parents ont constaté que les communications bidirectionnelles entre l’école et la maison peuvent être difficiles. Il s’agit parfois d’un manque de volonté de communiquer d’un côté ou de l’autre, mais d’autres facteurs peuvent aussi expliquer ces difficultés, tels que le manque de temps, le choix du moyen de communication ou le manque d’information sur l’importance de ces communications.

Pourtant, l’implication et la collaboration de tous les adultes entourant l’enfant est un facteur clé de sa réussite. Chacun a son rôle à jouer pour accompagner les élèves, c’est ce qu’on appelle la coéducation. La compréhension de son rôle et du rôle des autres est primordiale pour mener à bien cette mission. C’est pourquoi il faut défaire les silos entre l’école et la maison, pour le bénéfice des élèves.

Pourquoi la participation des parents est-elle importante? De nombreuses études montrent l’importance de l’engagement parental dans la réussite éducative et une des formes que peut prendre cet engagement est la communication avec l’école (Beauchesne, 2021).

La pandémie est un obstacle qui a perturbé nos façons de faire, mais nous pouvons aussi la voir comme une occasion de cibler des problèmes et d’améliorer les processus dans le milieu scolaire.

Les parents ont leur mot à dire et ont leur place à l’école, en tant que premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, mais aussi parce que leur engagement est porteur de réussite pour les élèves. Ce fait démontré est cependant méconnu, non seulement des équipes-écoles, mais aussi des parents eux-mêmes.

Un grand nombre de parents ont toutefois réalisé pendant la pandémie que leur implication dans l’éducation de leurs jeunes et dans le milieu scolaire était nécessaire et que leurs expériences et expertises pouvaient apporter beaucoup.

Les parents ne sont pas des spectateurs

En conclusion, les parents « après-COVID » voudront faire partie des discussions et des solutions et n’accepteront plus d’être des spectateurs du milieu scolaire. Nous entamons dès maintenant une réflexion sur le retour à la normale de l’école et sur les façons d’améliorer cette normalité en réfléchissant à ces questions :

  • Quels changements survenus pendant la pandémie devrait-on garder?
  • Quelles vieilles habitudes ne devraient pas être incluses dans la nouvelle normalité?

Les parents veulent et doivent faire partie de cette conversation. La FCPQ consulte les comités de parents qu’elle représente pour préparer le retour à la normale, tirer des leçons de la pandémie et de l’école à distance et ainsi proposer des améliorations au milieu scolaire, pour le bienêtre et la réussite de nos jeunes.

Profil de la FCPQ

La Fédération des comités de parents du Québec a pour mission, depuis près de 50 ans, la défense et la promotion des droits et des intérêts des parents et des élèves des écoles publiques primaires et secondaire du Québec, en vue d’assurer la qualité des services éducatifs et la réussite de tous les élèves. La FCPQ représente les comités de parents de la forte majorité des centres de services scolaires, dans toutes les régions du Québec.

Photo : Adobe Stock

Première publication dans Éducation Canada, juin 2021

Références

Résultats de quatre sondages réalisés par la FCPQ depuis le début de l’année scolaire 2020-2021 auprès des parents d’élèves, https://www.fcpq.qc.ca/sites/24577/%c3%89tat%20des%20lieux%20-%204%20sondages(1).pdf

Résultats d’un sondage réalisé du 22 au 25 mai 2020 par la FCPQ, https://www.fcpq.qc.ca/sites/24577/CG_30mai2020_Re%cc%81ponses_Sondage-e%cc%81clair.pdf

Beauchesne, R. (mars 2021). Vivre la démocratie comme collaborateur de la gestion de son école. Revue Action Parents, p.4-5. https://www.fcpq.qc.ca/fr/archives/2021/action-parents-volume-44-numero-3

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Kévin Roy

Kévin Roy

Président de la Fédération des comités de parents du Québec

Kévin Roy est un parent bénévole engagé dans le milieu scolaire. Il est président de la Fédération des comités de parents du Québec.

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