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Un nouveau venu dans l’arène de la santé mentale des élèves du XXI siècle

La santé mentale des enfants et adolescents d’aujourd’hui est marquée par de nouvelles problématiques qui ont émergé depuis l’avènement des médias et réseaux sociaux. Facebook fêtait ses 10 ans le 4 février 2013. Ce précurseur des réseaux sociaux en ligne revendique 1,23 milliard d’utilisateurs actifs parmi lesquels on retrouve 46,6% de la population en Amérique du Nord. Les jeunes qui ont aujourd’hui entre 10 et 20 ans sont identifiés comme faisant partie de la cohorte de la « génération C ». Ils sont nés avec Facebook, Youtube, Instagram, entre autres, et favorisent au menu quotidien la connexion et la communication.

À partir de « sa » page, ces jeunes se lient à des « amis » afin de partager passions et intérêts avec l’espoir que la fonction « like/j’aime » saura agrandir de façon exponentielle le nombre de « nouveaux amis ». De telles expériences de socialisation consistent, dans une proportion de 80%,  à exprimer les états d’âme, les occupations et préoccupations quotidiennes, à partager les moments intimes, en fait, à parler d’eux-mêmes. Somme toute, Facebook serait un espace d’expression qui mène à la révélation de soi par l’approbation des autres sans invasion, ce que les anglophones qualifient de self-disclosure. Chacun veut, à sa manière, montrer qu’il est « quelqu’un », qu’il mérite qu’on s’intéresse à lui. Or, cette page présente un profil idéal, une vision déformée, en quelque sorte,  de la réalité quotidienne.

Selon certaines recherches récentes, les plus forts utilisateurs de Facebook ont un cerveau très sensible à la comparaison sociale. Comparer sa vie à celle des autres peut mener à une insatisfaction, peut faire naître l’angoisse de ne pas être meilleur que ceux avec qui l’on se compare, de ne pas être aussi populaire (l’attente des « like/j’aime »). Des chercheurs et la communauté médicale mettent d’ailleurs en garde contre une nouvelle pathologie, la « dépression Facebook ». Bref, une pratique assidue des réseaux sociaux peut amplifier le mal-être de certains adolescents, devenir une source de stress et de détresse psychologique.

Les parents, le personnel enseignant et les adultes qui partagent le quotidien de ces jeunes deviennent des observateurs privilégiés qui peuvent reconnaître les symptômes comme l’anxiété, l’irritabilité, le repli sur soi, le retrait, la perte d’intérêt pour des activités affectionnées, les difficultés de concentration et les problèmes d’apprentissage. Ils peuvent ainsi inverser ce nouveau venu dans l’arène de la santé mentale, la « dépression Facebook », en reconnaissant les symptômes de la détresse psychologique manifestés par des jeunes fragilisés.

Bref, une pratique assidue des réseaux sociaux peut amplifier le mal-être de certains adolescents, devenir une source de stress et de détresse psychologique.

À cet égard, des sites Internet permettent d’accéder à des sources fiables d’informations en ce qui touche des thèmes liés à la santé mentale des jeunes. Particulièrement, ces deux sites sont pertinents à consulter ou à utiliser dans le cadre d’interventions ciblant les élèves d’aujourd’hui :

http://www.adosante.org L’objectif du site « Ado-Parlons santé » est de fournir de l’information fiable sur les questions que se posent les jeunes sur certains aspects de la vie (art corporel, cyberintimidation, drogues et alcool, santé mentale, entre autres) et qui peuvent affecter leur santé physique et mentale.

http://teljeunes.com/accueil Ce site, propulsé par la Fondation Tel-Jeunes, offre de l’information et du soutien aux jeunes et aux parents à propos de différents sujets touchant à la santé physique, mais surtout mentale.

Références :

Bohler, S. (2014, mars-avril). Facebook change-t-il notre cerveau ? Cerveau & Psycho, 62, 26-32.

Brisset, E. (2013, 4 avril). La « dépression Facebook » chez les jeunes. http://blogsgrms.com/cestmalade/tag/facebook/

D’Amato, G., Cecchi, L., Liccardi, G., Pellegrino, F., D’Amato, M. et Sofia, M. (2012). Social Networks : A New Source of Psychological Stress or a Way to Enhance Self-esteem ? Negative and Positive Implications in Bronchial Asthma. J Investig Allergol Clin Immunol, 22(6), 402-405.

Hyu-Tzu, G.C. and Edge, N. (2012, February). « They Are Happier and Having Better Lives that I am » : The Impact of Using Facebook on Perceptions of Others’ Lives. Cyperpsychology, Behavior, and Social Networking, 15(2), 117-121).

Schurgin O’Keeffe, G. (2012). Kids Under 13 on Facebook ? Not So Fast. http://www.huffingtonpost.com/gwenn-okeeffe/kids-under-13-on-facebook_b_1569329.html

Schurgin O’Keeffe, G., Clarke-Pearson, K. (2011). Clinical Report – The Impact of Social Media on Children, Adolescents, and Families, Pediatrics, 127(4), 799-805. http://pediatrics.aappublications.org/content/127/4/800.full


Ce billet de blogue fait partie d’un dossier de l’ACE sur la santé mentale des élèves, qui comprend également un numéro thématique du magazine Éducation Canada sur la question et une fiche Les faits en éducation sur les approches efficaces pour améliorer le mieux-être mental des élèves. Si vous souhaitez publier un billet de blogue dans cette série, veuillez communiquer avec info@cea-ace.ca.

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renee guimond plourde

Renée Guimond-Plourde

Renée Guimond-Plourde détient un doctorat en éducation et occupe présentement un poste de professeure-chercheure au Secteur éducation et lettres de l’Université de Moncton Campus d’Edmundston. Elle est co-récipiendaire du Prix Pat Clifford 2009 pour la recherche en éducation décerné par l’Association canadienne d’éducation. L’obtention de ce prix lui a permis de produire le CD : « Visualiser pour se réaliser », outil pédagogique destiné à accompagner la saine gestion du stress au quotidien.

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