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Stressants les examens?

Pas du tout, un peu, beaucoup!

C’est jour d’examen de mathématiques pour Éric. Bien qu’il ait étudié suffisamment, il bouge sur sa chaise, se ronge les ongles, regarde l’heure constamment, mais surtout, il relit maintes fois sa copie avant de la rendre à son enseignante.

Marianne a étudié jour et nuit lors du dernier examen de français. Pourtant, elle a obtenu une note de 59 %. Nina, quant à elle, n’a pas eu besoin d’étudier, mais pour elle aussi c’est la catastrophe! Elle a obtenu 99 %.

Qu’ont en commun ces situations?

L’omniprésence de l’évaluation

L’évaluation est partout, dans toutes les sphères de la société. Qu’on aille au restaurant où parfois on nous demande d’accorder une note pour le service et le repas ou encore qu’on lise la critique d’un film, l’évaluation est prégnante. Elle fait partie de notre quotidien et, même les jeunes, avec leur statut d’élève, n’y échappent pas. Parce que l’évaluation des apprentissages est au centre des préoccupations à l’école, il convient de s’intéresser à ce qui peut faire obstacle au bienêtre des élèves pendant la préparation des examens et la passation de ceux-ci :
le stress.

Le stress, c’est quoi au juste?

Pour l’Organisation mondiale de la Santé, le stress peut se manifester chez un individu « dont les ressources et stratégies de gestion personnelles sont dépassées par les exigences qui lui sont posées »1. En milieu scolaire, d’après Ang et Huan, il réfère à « un état chronique chez des élèves qui se sont fixé des objectifs irréalistes ou dont la perception et les attentes de l’entourage dépassent leurs capacités »2. À la fois bon et mauvais, le stress peut avoir un impact sur la santé mentale et physique ou sur le bienêtre des élèves3. Par exemple, lorsqu’il est vécu comme un défi à surmonter, il peut devenir stimulant et inviter au dépassement. Toutefois, tout est une question d’équilibre, car si le stress se prolonge ou est trop élevé, il peut devenir inconfortable et dommageable. C’est pourquoi il importe pour les enseignants de connaitre les causes et les conséquences du « mauvais stress » en situation d’examen, mais surtout les bonnes pratiques à adopter auprès des élèves pour le diminuer.

Causes

Nous partageons ici quelques-unes des origines du stress. Il y a certes l’appréhension d’un examen difficile pour lequel on ne se sent pas à la hauteur, le manque d’étude et les « bourrages de crâne » de dernières minutes qui embrouillent l’esprit et fatiguent le corps. La liste des causes comprend aussi la crainte pour un élève de déplaire à son enseignant ou à ses parents, les attentes trop élevées qu’il perçoit à son égard et la peur du jugement de ses pairs (Combien tu as eu à l’examen?). Enfin, la course aux A+ ou aux 100 %, la volonté d’être toujours le meilleur ou de ne jamais commettre d’erreurs et la peur d’échouer peuvent aussi faire naitre du stress chez les élèves.

Conséquences

Que sait-on des conséquences néfastes du stress? Elles peuvent prendre la forme de désagréments physiques comme des maux de ventre, l’envie d’uriner, des nausées, des battements de cœur accélérés ou des tics nerveux. Le stress en situation d’examen ou à l’approche de ceux-ci peut également causer des trous de mémoire, de l’insomnie, des manquements au niveau de la concentration ou de l’attention, ce qui peut empêcher les élèves de performer à leurs pleines capacités. Ils peuvent aussi se sentir impatients, irrités, paniqués, regarder l’horloge sans cesse, bouger constamment sur leur chaise et vérifier leur copie d’examen plusieurs fois avant de la rendre. De par ses conséquences désagréables pour celui qui le vit, le stress peut au final engendrer un sentiment négatif vis-à-vis des examens ou la phobie de ceux-ci… qui, pourtant, fourmillent dans le parcours scolaire des élèves.

Elles peuvent prendre la forme de désagréments physiques comme des maux de ventre, l’envie d’uriner, des nausées, des battements de coeur accélérés ou des tics nerveux.

Pistes de solution

Les enseignants trouveront utiles les 12 pistes de solution suivantes pour aider les élèves à diminuer leur stress et à mieux vivre les périodes d’examens.

  • Prendre l’habitude de bien renseigner les élèves sur la nature des examens qu’ils auront à passer. À quelles dates auront-ils lieu? Sur quels contenus porteront-ils? Seront-ils constitués de questions à correction objective ou à développement?
  • Apprendre aux élèves des stratégies de préparation à un examen comme se doter d’un calendrier d’étude, anticiper les questions de l’examen et s’entrainer à y répondre, se coucher tôt et se détendre la veille du grand jour.
  • Encourager les élèves, dès l’annonce d’un examen à sa passation, à se confier aussitôt qu’ils sentent que le stress gagne du terrain. Parce qu’il peut rapidement devenir inconfortable et paralysant, le stress des élèves ne doit pas être pris à la légère.
  • Instaurer un climat positif autour des examens en rappelant aux élèves que les erreurs servent à l’apprentissage et que la perfection à tout coup n’existe pas!
  • Enseigner aux élèves qu’un résultat sous la note de passage ne les définit pas comme individu; il s’agit plutôt d’un indice de leur niveau d’apprentissage pour une partie de matière donnée.
  • Mettre en pratique la différenciation de l’évaluation lorsque le contexte le permet. Par exemple, un élève stressé à l’idée de faire un exposé oral devant ses pairs pourrait être invité à s’enregistrer sur vidéo à la maison.
  • Tenter des gestes de renforcement positif en déposant par exemple des billets d’encouragement sur le bureau des élèves le jour de l’examen ou en les invitant à s’en écrire eux-mêmes. Des petits mots comme « Vas-y, championne, tu es capable! » ou « Rappelle-toi ton dernier 97 %! » peuvent faire une différence.
  • Demander aux élèves d’écrire leurs pensées, leurs sentiments envers l’examen. Coucher sur papier leur stress leur permettra de se libérer l’esprit et d’être prêts à entrer en action dès la réception de leur copie.
  • Être disposé à enseigner différents procédés aux élèves afin qu’ils puissent réagir à une montée de stress pendant la passation d’un examen : prendre une courte pause, fermer les yeux, respirer profondément, se centrer sur le moment présent et non sur la note à venir, etc.
  • Revoir avec les élèves comment répartir le temps entre les parties d’un examen et débuter par les questions les plus faciles pour se garder dans un état d’esprit sain. La certitude d’avoir cumulé plusieurs points diminuera le stress des élèves et les motivera à attaquer les questions les plus difficiles.
  • Reconnaitre qu’apprendre à contrôler son stress en situation d’examen par divers moyens requiert de la pratique! Par exemple, en entrainant les élèves à réfléchir et à répondre à des questions de divers niveaux, leur stress sera moindre en situation d’examen.
  • Rappeler aux élèves qu’il est normal de ressentir une petite dose de stress en situation d’examen. Si quelques papillons dans l’estomac peuvent les aider à performer, il ne faut cependant pas les laisser se multiplier!

Pistes de réflexion

Les enseignants peuvent-ils, eux aussi, ressentir du stress à l’égard des examens que passent leurs élèves? La réponse à cette question est « oui » et elle peut s’expliquer par différentes raisons comme la peur que les élèves échouent ou réussissent moins bien qu’à l’habitude, la crainte de voir la qualité de leurs enseignements remise en doute par la direction de l’école ou les parents si les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, la hantise d’être trop sévère ou trop indulgent dans la correction, etc. Voici quelques conseils pour aider à diminuer le stress vécu par les enseignants :

  • Avoir pleinement confiance en son travail d’évaluateur parce que l’enseignant côtoie au quotidien les élèves et les voit évoluer.
  • Dédramatiser les examens, car évaluer n’est pas tout dans la classe. Il faut d’abord enseigner et faire apprendre.
  • Travailler à diminuer le stress des élèves en situation d’examen ou à l’approche de ceux-ci, ce qui contribuera en retour à réduire celui de l’enseignant.

Conclusion

Il convient de se rappeler que bien que le stress que vivent les élèves pourrait paraitre banal ou moins significatif aux yeux de l’adulte, il est important de ne pas le banaliser et de manifester un intérêt réel pour leurs préoccupations.

 

Photo : iStock

Première publication dans Éducation Canada, septembre 2020

Notes

1 Mouzé-Amady, M. (2014). Stress chronique : panorama et focus sur de nouveaux indicateurs biologiques et biomécaniques. Références en Santé au Travail, 137, 31-46.

2 Meylan, N., Doudin, P.-A., Curchod-Ruedi, D., Antonietti, J.-P., et Stephan, P. (2015). Stress scolaire, soutien social et burnout à l’adolescence : quelles relations? Éducation et francophonie, 43,2, 135-153.

3 Selye, H. (1936). A Syndrome produced by Diverse Nocuous Agents. Nature, 138, 32.

Apprenez-en plus sur

Marie-Hélène_Hébert

Marie-Hélène Hébert

Professeure, Université TÉLUQ

Marie-Andrée Pelletier

Professeure-chercheuse Organisation, Université TÉLUQ

Marie-Andrée Pelletier, Ph.D. est professeure spécialisée à l’éducation préscolaire au Département Éducation de l’Université TÉLUQ. Ses recherches portent sur les compétences sociales et émotionnelles du futur personnel enseignant et du personnel enseignant en exercice pour assurer leur bienêtre dans la profession enseignante.

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