Il est temps d’investir dans le bien-être du personnel
Elle exerçait sa profession depuis déjà plus d’un an. Son rêve de transmettre sa passion pour le français était né dès son premier cours sur Molière en deuxième secondaire. Elle s’était vouée corps et âme à sa formation, déterminée à inspirer de jeunes esprits à poursuivre leurs propres passions et à persévérer malgré les défis. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte un jour qu’elle en avait assez, que sa flamme s’était graduellement éteinte. Et bien que cette prise de conscience se mêlât de souvenirs de ce qu’elle croyait être, jusque-là, sa vocation, elle ne comprenait plus ses sentiments.
Le stress et l’épuisement professionnels guettent les membres des professions d’aide, et le personnel du secteur de l’enseignement, y compris les hauts dirigeants, enseignants et tout autre membre du personnel enseignant ou non enseignant, n’en est pas épargné.
Alors que de nombreuses commissions scolaires ont investi dans des programmes et des politiques de réduction du stress afin d’aider leur personnel à faire face aux pressions systémiques quotidiennes qui échappent à leur contrôle, le succès de ces innovations positives demeure inégal. L’influence des conditions de travail sur le bien-être du personnel – et leurs conséquences sur les résultats des élèves – est souvent négligée, menant à des interventions au cas par cas plutôt qu’à des approches systémiques susceptibles d’améliorer l’ensemble des systèmes d’éducation. On traite les symptômes plutôt que la maladie.
Il est prouvé que les milieux de travail qui favorisent la santé sociale et mentale sont productifs. Ils attirent et retiennent les candidats les plus talentueux et obtiennent le meilleur rendement d’employés hautement motivés, ce qui se traduit par de bons résultats, qu’il s’agisse de profits, d’impact social ou de résultats scolaires. Mais il faut pour cela remettre en question les vieilles mentalités et idées préconçues qui nous bloquent, soit en soulignant l’importance de l’enseignement, soit en sensibilisant les gens au fait que le bonheur, loin d’être un concept frivole, fait partie intégrante de la motivation du personnel. Une chose est sure : il faut des professionnels de l’éducation en bonne santé et motivés pour avoir des élèves en bonne santé et motivés. Voilà un investissement sur lequel on ne peut faire de compromis.
C’est pourquoi nous lançons une campagne de douze mois sur le bien-être au travail. Nous vous offrirons, dès le prochain numéro, une rubrique sur ce sujet, avec « le bien-être au travail » comme thème du numéro de décembre. Il est temps de faire de sérieux investissements dans le bien-être de notre personnel scolaire des niveaux primaire et secondaire.
Le Réseau ÉdCan mène des recherches d’envergure pancanadienne sur le bien-être au travail aux niveaux primaire et secondaire. Pour obtenir de plus amples renseignements à ce sujet, veuillez consulter le site www.edcan.ca/bienautravail.
Première publication dans Éducation Canada, juin 2019
Photo : Canva