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Design technopédagogique

« Learning Futures – Engaging Students »

Un programme novateurdu Royaume-Uni

Engager les étudiants représente le plus grand défi des écoles d’aujourd’hui. On se demande comment garder les jeunes esprits enthousiastes et engagés dans l’apprentissage.

Learning Futures est un programme d’apprentissage qui se préoccupe précisément de cette question. Mis en place en 2008, grâce à un partenariat entre la Fondation Paul Hamlyn et l’Unité de l’innovation, ce programme présente une approche novatrice au regard de l’engagement des élèves. Il s’agit d’une communauté d’apprentissage qui regroupe 15 sites et 40 écoles.

Pourquoi avoir développé ce programme? Parce que le désengagement des écoles au Royaume-Uni a, selon des études de l’OCDE, augmenté de façon constante au cours des deux dernières décennies, au point où les étudiants britanniques comptent maintenant parmi les plus démunis dans le monde au regard des attitudes face à l’apprentissage. « Learning Futures – Engaging Students » s’est alors demandé quelles pratiques seraient susceptibles de provoquer une transformation dans l’attitude des étudiants envers l’apprentissage et l’enseignement. Ce programme propose de nouvelles façons de construire l’apprentissage des élèves autour de leurs besoins, de leurs intérêts et de leurs passions, tout en atteignant des résultats positifs.

Les écoles qui participent à ce programme élaborent des stratégies qui modifient radicalement la nature et la profondeur des relations d’apprentissage de même que l’environnement d’apprentissage. Plusieurs d’entre elles ont été inspirées par leurs pairs pour élargir leurs projets, en incluant par exemple les parents au sein de la communauté, en recrutant des leaders parmi les pairs ou en changeant les lieux d’apprentissage, au-delà de la salle de classe et de l’école.

« Learning Futures » veut adapter la pédagogie aux défis du XXIe siècle tout en assurant l’engagement des élèves dans un apprentissage profond, authentique et motivant.

Cependant, l’acquisition de compétences du XXIe siècle ne peut pas être dissociée de la nécessité de la discipline des connaissances spécifiques. La co-construction peut fournir aux étudiants un plus grand sentiment d’appartenance à leur apprentissage, mais cette appartenance compte peu si les étudiants se sentent mal préparés pour affronter leurs examens. Il y aura donc toujours un besoin pour intégrer des méthodes didactiques plus traditionnelles. Impliquer les apprenants exige que les praticiens qualifiés mélangent les approches pédagogiques, en utilisant les méthodes les plus efficaces et appropriées aux besoins des étudiants. Cette compétence d’adaptation, la capacité de construire et de contextualiser son propre apprentissage constituent un contraste frappant avec l’acquisition pure et simple de la connaissance qui caractérise une grande partie de la pédagogie conventionnelle.

 

Les praticiens reconnaissent que l’engagement profond d’un étudiant peut être directement influencé par les innovations pédagogiques de l’école dans la mesure où celles-ci sont en lien avec l’étudiant lui-même, ses pairs, sa famille, les éducateurs et les intervenants de la communauté : une démarche exigeante et complexe. Ils sont également convaincus que l’engagement vient avant l’apprentissage. Sans engagement, l’apprentissage est, au mieux, transitoire et manque définitivement de profondeur. Ainsi, cette approche d’apprentissage vise non seulement les « étudiants engagés », mais également les écoles engagées.

 

La condition d’une relation signifiante de respect mutuel entre l’apprenant et un adulte significatif est indispensable. Les élèves de ces écoles saisissent l’importance d’être actifs dans leur apprentissage tout en étant libres d’explorer et d’apprendre de leurs erreurs. Il faut donc penser un répertoire de stratégies pédagogiques souples et des « manières d’être », qui comprennent le coaching et le mentorat, accompagné d’un engagement partagé des enseignants comme apprenants collaboratifs. La récompense est de voir des élèves très motivés devenir indépendants dans leur apprentissage, disciplinés et en mesure d’accomplir du travail supplémentaire.

 

D’ailleurs, on peut facilement reconnaître un élève engagé lorsqu’il :

• ne travaille pas seulement sur les résultats, mais sur le développement de son apprentissage;

• assume la responsabilité de ses apprentissages;

 

• apporte l’énergie indispensable à sa tâche d’apprentissage;

• peut situer la valeur de son apprentissage au-delà de l’école et souhaite prolonger son apprentissage au-delà des heures de classe.

Grâce à la mise en place de ce programme, les enseignants constatent que leurs élèves sont davantage concentrés dans leur activité. L’accent mis sur les étudiants comme apprenants indépendants signifie que les éducateurs doivent en partie renoncer à un certain contrôle de l’apprentissage, donner les outils d’apprentissage aux élèves afin qu’ils les utilisent eux-mêmes tout en faisant confiance à ce qui va arriver, ce qui est plutôt difficile à faire pour les enseignants.

Ainsi, le concept traditionnel de l’engagement doit être revu pour permettre non seulement d’évaluer les compétences et les connaissances, mais également pour reconnaître les réalisations en dehors de l’école, les buts et objectifs des élèves tout en intégrant dans le processus, l’auto-évaluation et l’évaluation tant par les pairs que par les ressources externes.

À titre d’exemple, l’école Noadswood a initié le projet du mentorat par les pairs en sciences et en histoire. Les mentors sont des étudiants de 10e et 11e années, ainsi que quelques ex-étudiants qui sont payés pour travailler avec les mentorés. Plus de 40 étudiants ont assisté à la 1re session de mentorat par les pairs en sciences et tous deux, mentors et mentorés, ont été très positifs sur l’expérience vécue. Des mentorés ont déclaré que les explications données étaient claires et faciles à comprendre, les mentors toujours disponibles pour répondre à leurs questions et la rencontre détendue et sans pression. Ce programme de mentorat est supporté par un groupe de parents qui se rencontre toutes les six semaines. L’objectif du groupe est d’assurer un plus grand soutien parental pour les étudiants, en développant chez les parents des compétences de coaching et en développant un langage commun de l’apprentissage. Les rencontres en face-à-face sont soutenues par un portail en ligne, en plus des emails réguliers pour les informer sur le rendement des élèves. L’initiative de mentorat de Noadswood, école participante au programme Learning Futures, s’inscrit dans la recherche visant à améliorer l’engagement et la réussite dans l’apprentissage.

Au-delà de la conformité, il y a l’engagement à apprendre pour la vie. La responsabilité de l’engagement incombe donc à un plus large ensemble de partenaires. Pour changer les mentalités, il faut passer de l’engagement centré sur l’élève à un engagement collectif partagé. C’est la clé du changement.

 

 Sans engagement, l’apprentissage est, au mieux, transitoire et manque définitivement de profondeur. Ainsi, cette approche d’apprentissage vise non seulement les « étudiants engagés », mais également les écoles engagées.

 La reconnaissance de l’évaluation en tant que partie intégrante du processus d’apprentissage exige alors de remettre en question les modèles traditionnels d’évaluation qui ne peuvent ni évaluer l’engagement, ni engager les élèves dans le processus d’évaluation. En cherchant plus d’indépendance et d’interdépendance par le biais de projets collaboratifs, « Learning Futures – Engaging Students » fait valoir que l’auto-évaluation et l’évaluation par les pairs devraient suivre, tant dans la dimension sommative que formative. Afin de rendre l’apprentissage omniprésent et signifiant pour l’élève, l’utilisation par exemple, de l’Internet, des technologies des médias, des réseaux sociaux, des journaux vidéo, des documents téléchargés sur You Tube devrait être aussi valable que les documents écrits.

Pour « Learning Futures – Engaging Students », la présence d’étudiants engagés et enthousiastes au sujet de leur apprentissage est beaucoup trop importante pour être considérée comme un simple accident heureux de scolarité, et beaucoup trop centrale pour être ignorée dans l’évaluation de l’enseignement, de l’apprentissage et des écoles. Nous sommes donc témoins d’une nouvelle culture, celle de l’engagement, une opportunité qu’il faut saisir sans réserve!

http://www.innovationunit.org/sites/default/files/Pamphlet%202%20-%20Engaging%20Students.pdf

Le texte du document de David Price : Learning Futures – Engaging students (droits d’auteurs détenus par Innovation Unit) a été adapté en français par Yolande Nantel, rédactrice en chef francophone de la revue Education Canada.

 RECAP – Engaging students represents the greatest challenge for schools today. We ask ourselves how to keep these young spirits enthusiastic and engaged in learning. “Learning Futures/Engaging Students” is a learning program that specifically deals with this issue. Set up in 2008, this program from the United Kingdom is based on an innovative approach to student engagement. It involves a learning community of 15 sites and 40 schools.

Learning Futures focuses on innovations likely to trigger a transformation in students’ attitudes about learning and schooling, while still achieving positive outcomes. The booklet Learning Futures: A Vision for Engaging Schools is part of a set of free, open-source publications which include a guide to project-based learning, a handbook for school leaders, and a guide to “spaced learning.” All can be downloaded for free at www.learningfutures.org (Click on “tools and resources” in the Learning Futures text).

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David Price

Senior Associate, Innovation Unit

David Price is a Senior Associate at the Innovation Unit, in London, U.K. His new book, OPEN: How we’ll work, live & learn in the future, is published by Crux Publishing (and available on Amazon). He was awarded the Order of the British Empire, for services to education, in 2009.

David Price est un écrivain, un conférencier et un consultant en éducation. Il est associé principal à l’Unité de l’innovation du Royaume-Uni et a mis en place des projets d’éducation au Royaume-Uni, au Canada, en Australie et à Singapour.

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