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Chemins, Communauté scolaire

L’attrait des jeunes pour les métiers spécialisés

Qu’en est-il en 2020?

Alors que se multiplient les possibilités d’emploi un peu partout sur le territoire, et qu’émergent continuellement de nouveaux métiers et de nouvelles professions, les jeunes de niveau secondaire continuent d’exprimer les mêmes questionnements en lien avec leur future profession. Quel est le meilleur choix? Comment faire pour bien « m’orienter »? Mes proches seront-ils d’accord et me soutiendront-ils dans mes décisions? Ces questionnements renvoient à un certain nombre de préoccupations encore plus importantes chez les jeunes, soit celles liées à la connaissance qu’ils ont d’eux-mêmes, à l’identification de leurs aspirations et de leurs projets de vie, à la compréhension qu’ils ont du marché du travail et du monde scolaire, et au soutien des pairs et de la famille.

De plus, à l’ère des réseaux sociaux, les jeunes sont constamment bombardés de publicités et de messages de toutes sortes portant notamment sur les « meilleures » possibilités d’emploi, les nombreux programmes de formation, les différentes institutions d’enseignements. Ces éléments se conjuguent aux nombreux écrits vantant notamment l’accomplissement professionnel, la réussite et, surtout, le bonheur au travail. Bref, la pression est grande et les choix sont abondants.

Par conséquent, il est normal que les jeunes se sentent démunis et désorientés face à leur choix de carrière, ce choix tant attendu et craint à la fois! Dans ce contexte, qu’en est-il des métiers spécialisés, de l’attrait des jeunes (ou non) à l’endroit de ce niveau de formation? Comment faire pour mieux comprendre les projets d’avenir des jeunes et le rôle que peut avoir la formation professionnelle?

Vers une compréhension de l’orientation scolaire et professionnelle

Au préalable, il est important de bien comprendre ce qu’est l’orientation pour mieux aborder la place des métiers spécialisés dans le cheminement scolaire des jeunes. Précisons d’abord que « s’orienter » signifie, entre autres, saisir sa réalité propre, connaître et approfondir sa personnalité, l’intégrer et la transposer dans un projet de carrière à son image. C’est un exercice qui est fait tout au long de la vie, par le biais des expériences personnelles, sociales, professionnelles, et qui exige une certaine réflexion sur soi-même, un retour sur ses acquis, sur ses apprentissages, sur son passé.

Pour faciliter le cheminement de l’individu, le conseiller d’orientation est un professionnel, un guide qui l’accompagne notamment dans la connaissance de soi. Étant un expert en relation d’aide, en évaluation du fonctionnement psychologique, des ressources personnelles et des conditions du milieu, le conseiller d’orientation aide la personne à prendre conscience du monde qui l’entoure, de ses traits personnels, de ses valeurs, de ses aptitudes et intérêts, ceci afin de lui permettre de croire en lui-même et en ses projets et faire des choix appropriés et satisfaisants.

Pour les jeunes, le fait d’établir un projet de carrière à sa mesure permet également de persévérer à l’école et d’augmenter la motivation scolaire. En effet, quoi de mieux que de croire en soi et en un projet réaliste pour avoir le goût de mettre les efforts nécessaires à l’atteinte de ses buts? Il faut savoir toutefois que, bien que « trouver sa voie » peut sembler un exercice anodin, ce n’est pas toujours chose facile et c’est particulièrement vrai chez les jeunes qui éprouvent des difficultés d’apprentissage ou qui sont en situation de handicap.

Les raisons qui motivent une consultation chez les jeunes peuvent être de plusieurs ordres, comme l’indécision vocationnelle, l’anxiété face aux différents choix, les besoins spécifiques des jeunes en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, le manque d’information au regard des programmes de formation, le besoin de confirmer son choix, l’exploration des métiers et des professions, pour ne nommer que ces éléments.

Qu’en est-il des métiers spécialisés?

Au même titre que la formation collégiale ou universitaire, la formation professionnelle est l’une des nombreuses possibilités qui se présentent aux jeunes dans leur exploration des mondes scolaire et professionnel. Explorer ces différentes avenues constitue une étape indispensable dans le processus d’orientation de carrière. Cela permet de découvrir ses aptitudes, de consolider certains apprentissages sur soi ou encore de valider des projets. Alors que certains s’accompliront dans un métier professionnel, d’autres rencontreront des obstacles comme les préjugés de leur entourage, le manque d’information sur les métiers ou encore des craintes par rapport au métier souhaité. Il n’est pas rare, malheureusement, que des jeunes abandonnent leur projet en raison du manque de soutien ou d’accompagnement de leurs proches…

Il faut savoir que les métiers spécialisés offrent des perspectives d’avenir très intéressantes pour les jeunes. Au Canada, de nombreux métiers sont en pénurie de main-d’œuvre et certains centres de formation professionnelle se voient même dans l’obligation de fermer des programmes d’études en raison du manque d’inscriptions. Seulement en construction, un rapport paru à l’automne 2019 (Association de la construction du Québec) indique qu’il y aura un déficit de plus de 20 000 travailleurs sur les chantiers d’ici les 10 prochaines années. Et c’est une réalité également présente dans une panoplie de métiers : grutiers, bouchers, serveurs, plombiers, etc. Il est donc faux de croire que les possibilités d’avenir sont restreintes pour ce type de travail et que l’avenir est peu reluisant pour ceux qui optent pour un métier spécialisé.

Mais il n’est pas question ici de privilégier ce type de formation au profit d’une autre formation. Tel que mentionné précédemment, le choix du jeune doit tenir compte de plusieurs éléments comme ses traits de personnalité, ses intérêts, ses aptitudes, ses valeurs, afin qu’il puisse se réaliser pleinement et maintienne sa motivation et sa persévérance dans la voie qu’il a choisie. Toutefois, la formation professionnelle doit faire partie des possibilités qui se présentent au jeune, ceci afin qu’il puisse explorer et considérer toutes les options envisageables. Autrement dit, il faut lui donner la chance de s’identifier, ou non, à ce type de formation qualifiante qui représente un fort pourcentage de ce qui peut lui être offert. Le fait d’y renoncer, pour certains, équivaut presque à renoncer à une partie de soi.

Le rôle des parents : encourager les métiers ou non?

Les parents souhaitent généralement ce qu’il y a de mieux pour leur jeune et ceci est également vrai en ce qui concerne le choix de carrière. Les parents espèrent pour leur enfant des conditions d’emploi excellentes comme une sécurité d’emploi, un bon taux de placement et un salaire intéressant. Mais, dans les faits, la formation professionnelle est souvent teintée de certains mythes :

  • La formation professionnelle est limitée : uniquement au Québec, il existe approximativement 150 programmes de formation professionnelle.
  • La formation professionnelle ne permet pas d’accéder aux études supérieures : le système d’éducation favorise les cheminements variés. Plusieurs diplômés se spécialisent dans leur domaine et d’autres poursuivent des études collégiales ou universitaires. Certaines passerelles permettent également l’accessibilité aux études supérieures.
  • Les métiers spécialisés sont réservés aux garçons : en formation professionnelle (au Québec), le ratio hommes/femmes tourne généralement autour de 55 hommes pour 45 femmes1. Notons qu’il existe, d’une part, des programmes où les femmes sont minoritaires et, d’autre part, des programmes où les hommes sont minoritaires. Dans ce contexte, on considère que ces hommes ou ces femmes se dirigent vers un métier non traditionnel.
  • Les métiers s’adressent davantage aux personnes dites « manuelles » : en fait, même si les notions à acquérir sont plus concrètes et axées sur les aspects pratiques des métiers, les étudiants doivent aussi faire appel à leurs habiletés intellectuelles et à des aptitudes particulières comme le sens de l’organisation, l’esprit d’analyse et la logique. De fait, la maîtrise des mathématiques, du français ou de l’anglais est souvent essentielle.
  • Les salaires des diplômés de métiers spécialisés sont moins élevés : rien n’est moins vrai. Plusieurs diplômés débutent dans le marché du travail avec des salaires très appréciables, parfois même plus élevés que certains diplômés des cégeps et universités. Et certains deviennent cadres ou gravissent les échelons dans de grandes entreprises et voient leurs conditions de travail se bonifier au fil des années.

Pour explorer de façon exhaustive les formations existantes et contrer les préjugés liés aux métiers spécialisés, il est pertinent d’accompagner le jeune dans la découverte des métiers, notamment en visitant des foires d’emploi, des portes ouvertes dans les écoles de formation ou encore en l’encourageant à participer à des activités comme « étudiant d’un jour ». Une telle exploration l’aide assurément à reconnaître ce qui lui convient ou ce qui lui convient moins… Cela favorise du même coup sa connaissance de lui-même.

Quelques conseils

  • L’importance de communiquer : lorsque le choix d’un jeune qui s’intéresse aux métiers ne correspond pas aux attentes de son entourage, il est recommandé de dialoguer avec lui afin de vérifier ce qui l’intéresse dans ce choix, sans le juger, et en apprendre davantage sur ses intérêts et sur ce qui le motive.
  • La pertinence de s’informer : il faut s’informer sur le métier identifié par le jeune et tenter de faire taire les préjugés qui peuvent y être liés. L’Internet est une source inépuisable d’informations pertinentes sur le sujet, incluant les sites Web des institutions scolaires.
  • La nécessité d’explorer : il est fortement recommandé de profiter des activités portes-ouvertes des institutions et de ne pas se gêner pour poser des questions aux responsables des programmes qui connaissent leur domaine mieux que personne.
  • Et d’utiliser les ressources : même si le conseiller d’orientation se doit de conserver le secret professionnel, il peut aisément répondre aux préoccupations et inquiétudes des proches, tout en guidant la personne qui souhaite accompagner un jeune.

Il en va de même lorsque le jeune débute sa formation, les encouragements et le soutien parental sont toujours aussi importants pour sa réussite et sa persévérance scolaire. Il appréciera ce soutien et cet intérêt envers ses projets.

Outils au service des parents et des jeunes 

Les choix qui se présentent au jeune sont nombreux et répondent à toutes sortes de besoins. Que ce soit pour le jeune qui a des besoins particuliers, pour celui qui s’intéresse à la formation professionnelle, la formation collégiale ou encore universitaire, ou pour cet autre qui souhaite vivre une expérience de travail ou un stage à l’étranger, le jeune et ses parents sont confrontés à de toutes nouvelles expériences qui comportent leur lot de questionnements et d’incertitudes.

Pour aider les parents à mieux comprendre le processus d’orientation professionnelle et à accompagner leur jeune dans cette belle aventure, l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec a conçu un espace virtuel spécifiquement pour les parents désirant s’outiller pour mieux accompagner leur jeune dans son orientation scolaire et professionnelle. Le site est accessible via l’adresse suivante : Espaceparents.org. Une section complète a été développée pour les études postsecondaires, incluant la formation professionnelle. Des trucs, astuces et outils sont proposés pour mieux comprendre ce qu’est la formation professionnelle et constater tout ce qu’elle peut représenter dans le cheminement des jeunes. De plus, un conseiller d’orientation en ligne est disponible pour répondre aux questions des parents qui souhaitent accompagner leur jeune tout au long de son cheminement scolaire.

Photo : iStock

Première publication dans Éducation Canada, juin 2020

Note

  1. MEESR, SIS, Portail informationnel, Système Charlemagne, données au 2015-08-06, traitement Direction de l’Adéquation Formation-Emploi

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Mireille Moisan

Conseillère d'orientation, OCCOQ

Mireille Moisan, conseillère d’orientation en milieu scolaire au Québec depuis 15 ans et chargée de projets et inspectrice pour l’OCCOQ depuis plus de 10 ans. Madame Moisan est reconnue pour so...

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