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Soutenir les étudiants dans leur réussite

Innovation à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval

Objectifs du SARAU

À l’automne 2010, la Faculté des sciences infirmières (FSI) de l’Université Laval a instauré le Service d’Appui à la Réussite et d’Accompagnement Universitaire (SARAU) pour ses étudiants de premier cycle. Cette initiative facultaire visait principalement à répondre à des recommandations de la commission des affaires étudiantes (Avis de la Commission des affaires étudiantes, 2010).

Objectifs du SARAU

À l’automne 2010, la Faculté des sciences infirmières (FSI) de l’Université Laval a instauré le Service d’Appui à la Réussite et d’Accompagnement Universitaire (SARAU) pour ses étudiants de premier cycle. Cette initiative facultaire visait principalement à répondre à des recommandations de la commission des affaires étudiantes (Avis de la Commission des affaires étudiantes, 2010).

La principale mission du SARAU est de permettre aux étudiants de partager leur vécu quant à leur cheminement académique, personnel et professionnel. Le service du SARAU se concrétise très souvent par des rencontres individuelles et confidentielles. Ainsi, l’étudiant peut prendre rendez-vous avec la personne responsable du SARAU, qui est infirmière enseignante à la FSI, selon l’horaire du service (entre 10h00 et 13h00, de deux à quatre jours par semaine). Il peut également se présenter sans rendez-vous aux heures d’ouverture du service, par exemple, en cas d’urgent besoin.

L’aide apportée est en complémentarité avec divers services offerts par la FSI et le campus universitaire comme le Bureau de la vie étudiante (BVE), le Bureau des bourses et de l’aide financière (BBAF) et le Centre d’aide aux étudiants (CAE). Les ressources du réseau communautaire, tel le service 211, sont également mises à profit. Ainsi, la personne responsable du SARAU informe tout étudiant en besoin sur ces services souvent méconnus et qui apportent une aide précieuse, notamment pour la conciliation études-famille-travail. Par ailleurs, chaque personne de la FSI peut faire la différence pour un étudiant en difficulté. Leur collaboration est donc sollicitée pour repérer les étudiants ayant besoin d’aide et les inviter à utiliser le SARAU.

Les objectifs du SARAU se résument ainsi :

  • Répondre aux besoins des étudiants d’être écoutés dans la confidentialité;
  • Établir avec eux les priorités des différentes problématiques à résoudre;
  • Susciter l’espoir ainsi que la recherche de solutions.

Simulations du vécu de différents étudiants

Marie, mère de deux enfants, vit avec un conjoint aux études. Elle débute sa deuxième année de formation au baccalauréat. Quoique bénéficiaire de prêts et bourses, Marie travaille comme préposée 14 heures par semaine. Ses résultats scolaires baissent graduellement au même rythme que son moral. Un nombre croissant d’étudiants de la FSI ont le bonheur d’être parents. Ceci représente un défi dans la poursuite de leur cheminement académique. La conciliation études-famille-travail fait donc partie de leur quotidien, ce qui laisse peu de temps pour créer des liens ou étudier avec les autres collègues de la Faculté. Un parent aux études a aussi besoin d’être écouté dans son vécu et de connaître les ressources disponibles tant universitaires que communautaires. Ainsi, il se sentira mieux outillé s’il traverse une période difficile comme l’impression d’être seul, le constat de résultats scolaires insatisfaisants ou l’idée d’abandonner ses études.

Le service d’accompagnement des étudiants étrangers de l’Université Laval apporte informations et soutien facilitant ainsi leur intégration à la vie québécoise et universitaire.

Récemment arrivé du Mexique, Luciano s’adapte à la vie québécoise. Beaucoup de changements en peu de temps : langue, culture, relation sociale, etc. Avec l’été qui s’envole, le début de l’année scolaire s’amorce. Luciano devra composer avec un mode d’apprentissage différent de son milieu d’origine et trouver le soutien dont il a besoin. À la FSI, à l’automne 2012, la proportion des étudiants d’origine étrangère dans le programme de baccalauréat est d’environ 7 %. Belle richesse humaine qu’il importe de prendre soin! Le service d’accompagnement des étudiants étrangers de l’Université Laval apporte informations et soutien facilitant ainsi leur intégration à la vie québécoise et universitaire. Par ailleurs, selon le milieu scolaire d’origine, le mode d’apprentissage peut s’avérer fort différent. Il est donc possible que d’après leur expérience antérieure, les étudiants trouvent plus ou moins facile de suivre un cours non magistral, d’utiliser l’informatique, de s’intégrer à une équipe pour réaliser des travaux, de reconsidérer leur vision de la hiérarchie ou de planifier leur horaire.

À l’âge de 16 ans, Françoise a perdu sa mère dans un accident de la route. Sœur aînée d’une famille de quatre enfants, elle a appris à soutenir son père et ses sœurs tant au plan émotionnel que matériel. Lors de son cours de relation d’aide, elle réalise que sa vie tourne autour de l’aide qu’elle apporte à sa famille et se demande si sa vie vaut la peine d’être vécue. Certains étudiants ressentent un désarroi et éprouvent des difficultés à trouver un sens à leur vie. En conséquence, il importe d’être alerte afin d’apporter soutien, réconfort et aide pour prévenir tout geste irréparable tel le suicide. Plusieurs ressources existent mais encore faut-il les connaître et y voir clair lors de situations où tout semble trouble. Dans cette perspective, lorsqu’un étudiant consulte, la responsable du SARAU l’aide à identifier ses besoins et à trouver les meilleures façons d’y répondre pour favoriser un mieux-être. Lors de situations urgentes ou complexes, l’étudiant est orienté vers des ressources appropriées (e.g., centre de prévention du suicide, clinique médicale, psychologue, maison d’hébergement pour femmes violentées, etc.).

Lors de situations urgentes ou complexes, l’étudiant est orienté vers des ressources appropriées (e.g., centre de prévention du suicide, clinique médicale, psychologue, maison d’hébergement pour femmes violentées, etc.).

Caractéristiques des étudiants ayant demandé un soutien

De septembre 2010 à mai 2012, 70 étudiants ont bénéficié du SARAU. Environ 50 % des étudiants se sont présentés plus d’une fois. Ainsi, incluant les premières visites et les suivis, 176 interventions ont été effectuées auprès des étudiants en besoin.

La majorité des étudiants ayant eu recours au SARAU depuis septembre 2010 sont des femmes (83 % des cas). Parmi l’ensemble des bénéficiaires, 26 % avaient un statut de parent. Cette caractéristique était cependant plus fréquente pour l’année 2011-2012 que pour l’année antérieure (32 % comparativement à 22 %). De plus, 22 % des demandes d’aide provenaient d’étudiants d’origine étrangère. Par ailleurs, bien que le SARAU priorise les étudiants de premier cycle, il a accueilli 20 % d’étudiants de cycles supérieurs depuis sa création.

Motifs de consultation

Le tableau suivant présente les principaux motifs de consultation des étudiants pour l’année 2010-2011 et 2011-2012.

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De septembre 2010 à mai 2012, les principaux motifs de consultation des étudiants étaient d’ordre scolaire (38 % vs 50 %) et personnel (46 % vs 36 %). En regard de ces motifs, les étudiants ont consulté spécialement pour : un besoin d’augmenter leur sentiment de compétence, de renforcements positifs et de ventiler leur stress associé aux examens; des difficultés au plan de l’écriture du français; de l’isolement social; des difficultés d’apprentissage (e.g., dyslexie, trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité); un besoin d’accompagnement pour une demande de révision de notes; un risque d’exclusion du programme; des difficultés financières et familiales; un vécu de violence conjugale ou pour un problème de consommation.

Par ailleurs, la fréquence des consultations augmentait selon la sévérité de la problématique rencontrée, la provenance de l’étudiant et la nécessité de concilier études-famille-travail. Précisions également que les étudiants consultaient souvent pour plus d’une raison.

Démarches entreprises d’accompagnement

Lors de leur première consultation au SARAU, en 2010-2011, 67 % des étudiants se sont présentés sans rendez-vous. En 2011-2012, ce moyen de prise de contact a toutefois diminué à 36 %, alors que les demandes par courriel se chiffraient à 45 %.

Le soutien apporté aux étudiants pendant l’année 2011-2012 a été sensiblement le même que celui apporté en 2010-2011. Dans 82 % des cas, lors de sa première consultation, l’étudiant a été accueilli en créant un climat de confiance, en lui permettant de s’exprimer sans jugement et en l’accompagnant dans la recherche d’identification de ses besoins et des moyens d’y répondre. De plus, soutien, informations, conseils et références ont été offerts, notamment lors des rencontres subséquentes.

Par exemple, il s’agissait d’informer l’étudiant sur des organismes offrant des bourses d’études, sur la disponibilité de logements ou de milieux de garde, sur l’existence de groupes d’allaitement ou de cliniques médicales spécifiques. Quant aux conseils donnés, ils concernaient surtout la gestion de l’emploi du temps. Par ailleurs, les principales références ont été vers le CAE (40 % des cas). De plus, certains étudiants ont été dirigés vers l’Association de parents étudiant ou travaillant à l’université Laval (APÉTUL), le BVE, le BBAF et le Centre de prévention du suicide de Québec (CPSQ).

La personne responsable du SARAU doit ainsi connaître et tenir à jour la liste de l’ensemble des services universitaires et communautaires disponibles pour les étudiants. Selon les besoins, elle rencontre les personnes responsables de ces services afin de mieux comprendre leur offre et en retour, de mieux orienter l’étudiant en besoin.

Bénéfices reliés au SARAU et avenues souhaitables

Le personnel de la FSI démontre de l’intérêt pour mieux connaître et référer les étudiants au SARAU. Plusieurs membres du personnel ont partagé des questions, commentaires, suggestions ou ont référé des étudiants. De plus, les rétroactions reçues sont positives tant par les services de l’Université Laval que par les personnes externes.

Parmi les bénéfices observés auprès de la clientèle étudiante, il semble que le SARAU favorise principalement le recrutement et l’accueil d’étudiants d’origine étrangère. Répondre aux besoins de ceux-ci, les accompagner et les soutenir représentent des interventions favorisant leur réussite académique, l’obtention de leur diplôme ou la poursuite de leur formation aux études supérieures. Par ailleurs, certains étudiants avouent leur préférence pour un soutien provenant de leur champ d’études, i.e., d’infirmière à infirmière.

Selon les témoignages de reconnaissance des étudiants et leur satisfaction d’avoir surmonté leurs difficultés, il en ressort également que le SARAU est apprécié, aidant et complémentaire aux autres services universitaires. En voici quelques citations de témoignages à l’appui :

  • « Merci pour l’aide. Les rencontres que nous avons me donnent toujours de bonnes idées et de bonnes énergies pour continuer mon cheminement. » (témoignage 1)
  • « Nous tenons à vous remercier pour l’aide et le support apportés en cette période de deuil. Votre générosité et votre grand cœur nous ont grandement touchés. » (témoignage 2)
  •  « Tout d’abord, je voulais te remercier d’avoir pris soin de m’accueillir dans ton bureau et de bien vouloir m’aider. Cela me réconforte énormément ». (témoignage 3)
  • « Merci encore une fois, ça fait du bien de savoir que des gens sont là pour nous aider et nous enligner dans le droit chemin. » (témoignage 4)
  •  « Je trouve que c’est une bonne solution comme ça, merci d’avoir pris de votre temps pour m’aider à essayer de trouver une solution à mon problème, c’est beaucoup apprécié. » (témoignage 5)
  • « Les chevaliers de Colomb sont venus aujourd’hui à l’appartement et nous ont donné un bon pour l’épicerie. Merci. Un gros merci. Le psychologue m’a aussi envoyé un message pour me donner un rendez-vous. Je vais le rencontrer mercredi prochain. » (témoignage 6)

En somme, les étudiants ayant consulté jusqu’à ce jour disent que le SARAU les a aidés. Humainement parlant, ce service ne peut être que gagnant. Toutefois, une vérification actuelle de l’impact facultaire du service est en cours, notamment en termes de coûts financiers requis pour les heures de disponibilité de la personne responsable de ce service. Pendant l’année 2012-2013, une analyse plus approfondie des besoins des étudiants de la FSI et de l’aide requise sera aussi effectuée. Cette analyse permettra de répondre aux questions suivantes : Quelles sont les avenues souhaitables? Avons-nous les ressources financières et humaines requises? Quel est le temps de disponibilité optimal à offrir aux étudiants? Devrions-nous augmenter la visibilité du SARAU? Ce service devrait-il être offert aussi aux étudiants des cycles supérieurs?

Conclusion

La réussite des étudiants ne se limite pas à leur réussite académique. Comme être humain, chaque étudiant a besoin de s’épanouir dans toutes les sphères de sa vie. Ayant eu le privilège d’accompagner des étudiants dans leurs besoins et difficultés, la personne responsable du SARAU en arrive à la conclusion qui se rapproche des écrits de Marie-Françoise Collière (1982) : « La vie se retire à chaque fois que l’on se préoccupe davantage de ce qui meurt que de ce qui vit ». C’est dans cet esprit de sagesse que la pérennité du SARAU est désirée.

Première publication dans Éducation Canada, mars 2013


Références

  1. Avis de la Commission des affaires étudiantes. «Les études et la vie étudiante; Conciliation – Flexibilité – Adaptation». Québec, Université Laval, 2010.
  2. Collière, Marie-Françoise. Promouvoir la vie. Paris : Inter-Éditions, 1982, 245.

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Lise Marcotte

Lise Marcotte, Inf. M.Sc., Enseignante et responsable du SARAU à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval.

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