réalités LGBT écoles

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Diversité, Équité, Pratiques prometteuses

Intégrer les réalités LGBT au curriculum de l’école

La Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais1 a comme première mission de lutter contre l’intimidation, la violence et la discrimination faites aux enfants en milieu scolaire au primaire et au secondaire. Le but de la Fondation est de favoriser la création de milieux bienveillants pour les élèves en soutenant et en organisant diverses initiatives qui visent une meilleure intervention auprès des victimes, des agresseurs et des témoins.

La réalité LGBT en milieu scolaire est donc très préoccupante pour notre Fondation. En effet, selon un sondage pancanadien de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, « Réalités LGBT », mené par la firme de sondage CROP en 20172, 13 % de la population canadienne appartiendrait aux communautés LGBT. 60 % des répondants LGBT ont admis avoir été victimes d’intimidation en milieu scolaire en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. 81 % des répondants ont dit avoir eu des sentiments dépressifs liés à leur orientation sexuelle ou à leur identité de genre dans leur vie.

Les recherches portant sur la violence en milieux éducatifs démontrent que plus de 80 % des violences sont des violences verbales. Parmi celles-ci, les insultes homophobes font encore partie, en 2019, des insultes les plus entendues à l’école. Pourtant, les lois sont claires au Canada : on ne peut pas discriminer quelqu’un en raison de son orientation sexuelle, de son identité de genre et de son expression de genre. 81 % des Canadiens se disent prêts à faire des efforts pour intégrer les personnes LGBT. Alors pourquoi les milieux éducatifs tardent-ils à assainir l’intimidation, les insultes et les violences homophobes et transphobes à l’école?

Pour prévenir et traiter la violence, il faut une volonté ferme et une mobilisation constante de tous. Dans le respect des rôles et des responsabilités de chacun, nous devons nous engager à agir concrètement pour assurer un climat scolaire positif, bienveillant et sécuritaire. La violence et l’intimidation homophobe et transphobe sont, entre autres, caractéristiques des problèmes relationnels auxquels il faut apporter des réponses relationnelles, notamment au moyen d’interventions éducatives visant le développement des compétences prosociales. Miser sur le développement d’un climat scolaire positif implique de choisir les interventions qui permettront à l’ensemble des jeunes d’apprendre à mieux vivre ensemble, aux auteurs de gestes de violence ou d’intimidation à mieux combler leurs besoins, aux élèves ciblés par ces gestes à mieux s’affirmer et aux jeunes témoins à développer leur sentiment de compassion envers l’autre. C’est ainsi que l’on construit une communauté bienveillante. Toutes ces compétences peuvent être acquises dans le cadre des apprentissages sociaux et émotionnels.

De plus en plus de recherches révèlent que les compétences sociales et émotionnelles jouent un rôle essentiel dans le fait d’être un bon élève, de devenir un citoyen responsable et de se faire une place dans le monde du travail. Ces études révèlent aussi que de nombreux comportements à risque (par exemple, l’usage de drogues, la violence, l’intimidation et le décrochage) peuvent être évités ou que les risques peuvent être réduits lorsqu’on vise le développement des compétences sociales et affectives des élèves de manière globale et à long terme3. Les apprentissages sociaux et émotionnels, développés au cours des dernières années dans le domaine de l’éducation, visent l’acquisition d’habiletés et de compétences qui prennent toute leur importance à l’école.

Pour changer la culture d’une école et être plus inclusifs, nous devons avant tout intégrer dans le curriculum des mesures éducatives et une éthique sociale correspondant à l’année d’enseignement.

En milieux éducatifs, nous devons cesser de parler de « LA » communauté LGBT et aborder le sujet en mettant plutôt l’accent sur « LES » communautés LGBT, car il s’agit de plusieurs communautés aux besoins spécifiques qui sont réunies sous un même acronyme. Ces réalités doivent faire partie de l’ensemble des diversités valorisées à l’école et ces valeurs doivent être intégrées dans le curriculum de l’école. On doit aborder la diversité sexuelle et de genre dans son ensemble et éviter les approches qui subdivisent et dans lesquelles on axe l’apprentissage avec des notions de « minorités sexuelles et de genres ». En appliquant ce principe de base, on comprend que tout le monde en fait partie. Il en est de même pour la diversité culturelle.

Un des grands constats d’échec dans la lutte contre l’homophobie et la transphobie à l’école est que les milieux éducatifs font appel massivement à des interventions spontanées (conférences, journées thématiques, etc.). La recherche a démontré que ces actions, pratiquées seules, ne font pas partie des bonnes pratiques. Pour changer la culture d’une école et être plus inclusifs, nous devons avant tout intégrer dans le curriculum des mesures éducatives et une éthique sociale correspondant à l’année d’enseignement.

Selon Robert Waldinger, psychiatre de l’université Harvard et quatrième directeur d’une étude longitudinale sur la santé et le bonheur chez l’être humain, qui a duré 75 ans, c’est la qualité des relations sociales qui nous rendrait heureux et pourrait même contribuer à nous garder en bonne santé. Être proche de sa famille, de ses amis et de sa communauté serait bon pour nous; ces connexions sociales contribueraient à une vie plus longue et saine. La solitude, quant à elle, tue. Être seul, isolé et ostracisé accélèrerait le vieillissement du cerveau; il dépérirait plus rapidement. Cette étude explique d’elle-même pourquoi 81 % des répondants du sondage « Réalités LGBT » ont admis avoir eu des sentiments dépressifs liés à leur orientation sexuelle ou à leur identité de genre.

En plus d’assurer des milieux sains, positifs et bienveillants pour les communautés LGBT, les milieux éducatifs doivent assurer un soutien psychologique aux jeunes issus de ces communautés, car l’expérience de l’exclusion sociale peut nuire au développement du cerveau et à la persévérance scolaire. Nous devons donc intégrer la notion de saines habitudes de vie émotionnelles et relationnelles à l’école. Les éducateurs doivent aussi pouvoir accompagner les jeunes et leurs parents vers les bonnes ressources lorsqu’ils en font la demande.

Une approche bien ancrée dans le curriculum de l’école qui intègre l’égalité entre les genres dès la petite enfance permettra aux écoles d’atteindre plus aisément leurs objectifs. Les jeunes issus des communautés LGBT sont souvent ostracisés, car leur expression de genre n’entre pas dans le cadre des normes sociales correspondant aux genres binaires (homme-femme). Les approches inclusives doivent intégrer des mesures éducatives pour briser les stéréotypes de genres et ainsi faire comprendre aux jeunes qu’une panoplie de choix s’offre à tous.

C’est en recueillant des témoignages très convaincants de jeunes victimes de violence et d’intimidation à l’école, en réalisant des ateliers d’animation pour les écoles, en produisant des sondages validés scientifiquement et en proposant des approches constructives et inclusives que l’équipe de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais peut proposer des solutions efficaces et durables et faire des recommandations pertinentes pour une réelle inclusion de tous les élèves LGBT en milieu scolaire.

Illustration : iStock

Première publication dans Éducation Canada, juin 2019


1 https://fondationjasminroy.com/

2 Pour en savoir plus sur le sondage « Réalités LGBT » et consulter notre outil pédagogique sur les enfants qui explorent leur identité de genre à la petite enfance, visitez https://fondationjasminroy.com/initiative/sondage-realites-lgbt/

3 Durlak et coll., 2011

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Jasmin Roy

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Président, Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais

Jasmin Roy est le président de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais

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