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Diversité, Enseignement, Évaluation, Programmes

L’enseignement de l’anglais, langue seconde, au Québec

Depuis de nombreuses années l’enseignement de l’anglais, langue seconde, suscite des débats au Québec. La SPEAQ (La Société pour la promotion de l’enseignement de l’anglais, langue seconde, au Québec) qui regroupe enseignants et conseillers pédagogiques en enseignement de l’anglais, langue seconde, a toujours été partie prenante à ces débats : représentations auprès du ministre, rédaction de mémoires, entrevues dans les médias, etc.

Dans un mémoire présenté à la Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec, la SPEAQ soulignait qu’ «il y a toujours eu un lourd bagage affectif associé à l’enseignement de l’anglais, langue seconde, au Québec. Nombreux sont ceux qui y voient une menace pour le français. Mais plus nombreux encore sont les jeunes, les parents, les gens d’affaires et les personnes influentes qui réclament une amélioration de l’enseignement de l’anglais à l’école. Leur but n’est pas d’angliciser nos jeunes, mais bien de leur assurer des chances égales dans une société mondialisée ». (1)  On affirmait alors qu’une amélioration de l’enseignement de l’anglais exigeait une augmentation et une concentration des heures dévolues à l’apprentissage de la langue seconde. En effet, les chercheurs affirment qu’ « il faut beaucoup d’heures pour apprendre une langue et il faut que ces heures soient concentrées pour que l’élève puisse faire des progrès et communiquer aisément dans la langue seconde ». (2)

Les représentations des différents intervenants devant la commission ont amené le président M. Gérald Larose à recommander l’implantation de l’anglais intensif pour tous à la fin du primaire. En accord avec cette recommandation, la SPEAQ a appuyé l’augmentation et l’intensification du temps d’enseignement de l’anglais, langue seconde. Malheureusement, cela ne s’est pas fait partout… et pour tous…

En février 2011, le premier ministre du Québec, M. Jean Charest, annonçait que le gouvernement rendrait obligatoire l’implantation de l’anglais intensif pour tous les élèves de sixième année du primaire. Nous avons appuyé cette mesure car « les programmes d’anglais intensif sont généralement reconnus comme la méthode la plus efficace jamais développée dans les programmes d’éducation à grande échelle, pour l’acquisition d’une langue seconde… »(3)  et cette mesure répond aux deux critères cités plus haut comme essentiels à l’acquisition d’une langue seconde, soit l’augmentation et la concentration des heures d’enseignement.

Suite à cette annonce la SPEAQ a développé, à l’intention des parents, le dépliant « L’anglais intensif pour tous au primaire » qui a inspiré cet article. Le dépliant est disponible sur le site de la SPEAQ. 

L’anglais intensif, c’est…

Un modèle d’enseignement qui respecte et enrichit le programme de base en anglais, langue seconde, (ALS) du primaire. Le but premier de l’apprentissage intensif de l’ALS est d’amener l’élève à communiquer oralement en anglais avec aisance dans de nombreuses situations de la vie de tous les jours et sur des sujets variés correspondant à son âge, à ses besoins et à ses intérêts. L’anglais intensif permet à un élève de développer davantage les trois compétences d’ALS : Communiquer oralement en anglais; Comprendre des textes lus et entendus; Écrire des textes.

L’anglais intensif : un plus pour les enfants

Les études démontrent que les élèves inscrits au cours d’anglais intensif :

  • S’expriment plus facilement et avec beaucoup plus de précision que les élèves de la voie régulière;
  • Possèdent un vocabulaire plus varié et maîtrisent mieux les structures grammaticales;
  • Affichent une attitude positive envers l’anglais et sont plus confiants en leur capacité à s’exprimer avec facilité dans la langue seconde;
  • Démontrent, en général, plus d’autodiscipline, d’autonomie, une bonne estime de soi et une plus grande motivation scolaire. 

L’anglais intensif et l’apprentissage des autres matières

Les études menées par des chercheurs universitaires, par diverses commissions scolaires et dans d’autres provinces, indiquent que ce modèle ne compromet pas le développement des compétences dans les autres matières. (4)

Des recherches ont prouvé que le modèle intensif a un effet positif, tant sur l’apprentissage de la langue seconde que sur celui de l’apprentissage des autres matières scolaires.

De plus, dans le cadre du renouveau pédagogique, une étroite collaboration entre les enseignants donne lieu à la mise en place de situations d’apprentissage signifiantes et de projets qui permettent aux élèves d’établir des liens et de réinvestir les connaissances acquises dans les autres disciplines.

L’élève qui éprouve des difficultés ou qui n’aurait pas répondu aux attentes de la fin du 2e cycle (4e année) sera identifié et bénéficiera de mesures de soutien appropriées par :

  • l’intervention de l’orthopédagogue;
  • les réflexions de l’équipe-cycle;
  • les plans d’intervention personnalisés;
  • le soutien des parents;
  • des approches pédagogiques variées et stimulantes. 

L’anglais intensif offert à tous

De nombreuses recherches ont démontré qu’en l’absence de toute sélection, les élèves, qu’ils soient forts ou faibles, profitent de l’anglais autant sur le plan du développement de leurs compétences en anglais que sur celui de leur motivation et de leur autonomie.

Dans les milieux où l’anglais intensif est offert à tous les élèves, sans critère de sélection, il engage le principe d’égalité des chances d’apprendre une langue seconde et permet aux élèves d’atteindre un niveau de compétence nettement supérieur à celui de la voie régulière. De plus, ces élèves sont fiers et valorisés. Une meilleure estime de soi et une augmentation de la motivation scolaire chez plusieurs élèves en difficulté ont été observées.

L’anglais intensif : quelques constats

  • L’anglais intensif est un moyen privilégié pour permettre aux élèves de bâtir leur vision du monde, le principal enjeu du renouveau pédagogique;
  • Apprendre une langue est une expérience valorisante qui peut influencer le cours d’une vie;
  • L’apprentissage d’une autre langue consolide les acquis de la langue maternelle;
  • L’apprentissage de la langue maternelle dépasse largement le contexte scolaire; cette compétence se développe tout au long d’une vie, il en est de même pour une langue seconde;
  • Les « enfants à risque » n’ont pas été affectés de façon négative dans les autres matières parce qu’ils ont vécu l’anglais intensif;
  • Certaines études démontrent que des élèves considérés faibles en 6e année et ayant bénéficié d’un cours intensif au primaire ont moins tendance à décrocher de leurs études, connaissent beaucoup plus de succès au secondaire, terminent leurs études et souvent poursuivent des études supérieures;
  • Depuis plusieurs années, certaines provinces expérimentent avec succès des modèles de français ou d’anglais intensif;
  •  Les nouveaux défis du monde du travail exigent de ses employés une formation globale et diversifiée – une formation continue et ouverte sur le monde… L’anglais intensif répond à ces besoins.

Il serait onéreux de citer toutes les recherches qui témoignent du succès et des avantages de l’enseignement intensif de l’anglais. La SPEAQ, dans « Guide de l’enseignement intensif de l’anglais, langue seconde, au Québec », énumère un nombre important de ces études. On peut le consulter à : www.speaq.qc.ca

Et la suite…

L’implantation d’une telle mesure ne va pas sans susciter certaines questions. La principale préoccupation que partage plusieurs intervenants : parents, directions d’école, enseignants, etc. semble être le recrutement d’enseignants. Nous croyons que le fait d’étaler l’implantation sur une période de cinq ans permettra de recruter le personnel requis afin d’assurer une mise en place réussie de cette mesure. La formation de différents comités pour soutenir la mise en œuvre de l’anglais intensif pour tous nous rassure. La SPEAQ sera présente pour supporter les enseignants par des formations lors de son congrès et par un soutien par le biais de son groupe à intérêt particulier (SIG).

INTENSIG regroupe des enseignants qui ont déjà l’expérience de l’enseignement intensif de l’anglais.

RECAP – SPEAQ (Québec’s ESL teachers’ association) has spent years lobbying for measures that would improve conditions for teaching English as a second language in Québec. Research shows that two factors play a key role in second-language learning: the number of hours of instruction and the intensity of instruction. In February 2011, the Québec Premier announced the implementation of a mandatory intensive ESL program for all Grade 6 students. Students who have completed this program can express themselves with ease and have developed a positive attitude towards English. They are more confident in their ability to interact in English and generally show greater motivation in school. Research also shows that taking an intensive program does not have any negative impacts on learning other school subjects. SPEAQ supports this measure for all students.


(1)    Mémoire de la SPEAQ à la Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec. mars 2001.

(2)    « La durée, l’intensité, la continuité, » Patsy Lightbown, 2 février 2001.

(3)    Les docteurs Nina Spada et Patsy Lightbown

(4)    Études de la Commission scolaire du Lac-St-Jean et du District 9 du Nouveau-Brunswick

Apprenez-en plus sur

Micheline Schinck

Micheline Schinck a enseigné l’anglais, langue seconde, aux niveaux primaire, secondaire et en intensif. Elle a été conseillère pédagogique en anglais, langue seconde, à la Commission scolaire de Montréal. Micheline a donné de nombreux ateliers de formation. Elle assume actuellement la supervision de stagiaires au Baccalauréat en enseignement de l’anglais, langue seconde, à l’université Concordia. Depuis 2002, elle est présidente de la SPEAQ.

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