Le bien-être de qui?
La responsabilité des adultes
Croire que les élèves sont les personnes les plus importantes dans une école peut légitimer de ne pas prendre soin des adultes, qui pourtant créent l’atmosphère des lieux. Ce sont les adultes dans les écoles qui créent l’atmosphère de celles-ci.
Il y a 30 ans, j’ai commencé à travailler dans les écoles secondaires; d’abord en parascolaire puis comme enseignante. Après un passage de trois ans au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec, le retour à l’enseignement a été un choc. Élèves anxieux et dépressifs, collègues débordés, relations de travail en montagnes russes et de mon côté, difficile retour au rythme effréné de l’enseignement après ces trois années à avoir eu droit à des soirs et des fins de semaine sans travail supplémentaire. J’ai eu l’impression que les résultats scolaires avaient pris une place disproportionnée dans l’esprit des élèves, que tout ce qui n’était pas évaluation était sans importance pour eux. Leur mal-être m’a bouleversée. J’ai choisi de quitter l’école pour retrouver mon équilibre.
Quand j’ai commencé à enseigner, il m’est arrivé d’entendre que les personnes les plus importantes dans une école étaient les élèves. Chaque fois, je ressentais un certain malaise devant cette affirmation, devant le besoin de décider qui est plus important. Puis je me disais qu’en pensant ainsi, il devenait légitime de ne pas prendre soin des éducateurs. Or les adultes ont un rôle majeur à jouer pour l’atmosphère de l’école. Cette atmosphère, agréable ou non, se sent dans les corridors; l’avez-vous déjà remarqué?
Demandez à n’importe quel jeune ce qu’il apprécie en premier chez ses enseignants : vous entendrez parler de sourire, de bienveillance, d’humour, de respect. Ce que les jeunes détestent? Les enseignants impatients qui crient et qui grincent. Le bien-être des élèves passe, entre autres, par celui des adultes de l’école.
En fin de compte, il ne s’agit pas de mesurer l’importance de qui que ce soit. Le bien-être des enseignants, tout comme celui de l’ensemble du personnel des écoles, est primordial pour qu’il rejaillisse sur celui des élèves et des étudiants. Et c’est la responsabilité de tous, même si les leaders ont indéniablement un rôle prépondérant à jouer pour installer les conditions essentielles au bien-être de tous.
Par où faut-il commencer? Cette édition de notre magazine présente de belles pistes de solutions. Je vous souhaite de prendre le temps de le lire et d’en discuter dans vos établissements. Bonne lecture!
Le Réseau ÉdCan a récemment lancé « Bien dans mon travail », une campagne de sensibilisation basée sur la recherche qui invite les leaders en éducation à faire du bien-être des membres du personnel scolaire une priorité. Consultez la Voix du Réseau pour en savoir plus sur cette initiative.
Photo : Dave Donald
Première publication dans Éducation Canada, décembre 2019