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Opinion

La réforme québécoise : Au-delà de la catastrophe annoncée

Au courant des années 1990, les spécialistes de l’éducation au Québec constatent que notre monde évolue à la vitesse grand V, mais que notre système d’éducation ne suit pas toujours cette évolution. Pour remédier à cette situation, le gouvernement proposera une réforme de l’enseignement au primaire et au secondaire qui aura pour objectif de placer l’élève au centre de ses apprentissages et de miser sur l’acquisition de compétences plutôt que sur la transmission de connaissances.

Cette réforme, aussi connue sous le nom de renouveau pédagogique, fit couler énormément d’encre et suscita plusieurs levées de boucliers. 

Voyons d’abord les principales modifications apportées par la réforme. Plusieurs disciplines essentielles ont vu leur nombre d’heures de cours accru. À titre d’exemple, l’enseignement du français passe de 150 à 200 heures par année tandis que les mathématiques passent de 100 à 150 heures.[1] Autre modification importante, l’anglais est désormais enseigné dès la première année du primaire.[2] Le nombre d’élèves par classe est graduellement réduit et les élèves ayant des difficultés d’apprentissage sont mieux encadrés. [3]

Si on s’attarde un peu aux statistiques, on remarque qu’avant 2009, soit avant le renouveau pédagogique, les nouveaux inscrits réussissaient 84,8 % de leurs cours alors que ce taux se situait à 85,1 % en 2010.

Si la réforme a augmenté le nombre d’heures de cours consacré aux matières essentielles et que les élèves réussissent bien, comment expliquer les nombreuses critiques qui ont fusé au sujet de cette réforme? Une part importante des critiques de l’opinion publique à son égard semble provenir de problèmes de présentation et de communication. À ce titre, une recherche de la Fédération étudiante collégiale du Québec[4]cite Paul Inchauspé, un des penseurs de la réforme, qui identifie comme responsables les « maladresses de présentation de la réforme […] alors que les discours des responsables de la mise en œuvre étaient prolixes, savants, très savants, trop savants même, et qu’ils n’insistaient que sur les moyens. [5]» En effet, plusieurs concepts éducatifs complexes n’ont pas été vulgarisés, ce qui a contribué à alimenter la grogne d’un nombre important d’enseignants et de parents.

En conclusion, le système éducatif est en constante mutation et bien que perfectible, le renouveau pédagogique ne constitue en rien la catastrophe annoncée. Les futurs théoriciens de l’éducation auraient cependant avantage à mieux expliquer les modifications que les gouvernements veulent apporter à l’éducation de nos enfants.


[1] Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Le renouveau pédagogique, ce qui définit le changement, MELS, 2005, p. 5.

[2] Idem

[3] Ibid p. 7

[4] Julien Boucher, La réforme passe aux ligues majeures, Août 2010, Fédération étudiante collégiale du Québec, p. 19.

[5] Paul Inchauspé. « Lettre à un enseignant sur la réforme des programmes », Pour l’école, Liber, Montréal, 2007, p.1.

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Léo Bureau-Blouin

Ex-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), député à l’Assemblée nationale et adjoint parlementaire de la première ministre (Volet Jeunesse). Monsieur Bureau-Blouin a vécu cette réforme à titre d’élève.

Former President of the Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), a Member of the National Assembly and Parliamentary Assistant to the Premier (youth). Mr. Bureau-Blouin experienced the Reform as a student.

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