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Je m’identifie encore comme une simple enseignante…

...mais une enseignante qui a finalement su mettre en place des éléments qui contribuent à ma capacité d’enseigner selon mes aspirations

À la suite de la lecture du rapport de recherche conjoint de l’Association canadienne d’éducation (ACE) et de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE), Enseigner selon nos aspirations — aujourd’hui et demain, je réponds à la question suivante : quels sont, d’après les enseignantes et les enseignants, les éléments ou les conditions contribuant à leur capacité d’enseigner selon leurs aspirations? 

Il y a quelques semaines, j’animais un atelier sur la gestion et la motivation en salle de classe pour un groupe d’étudiants universitaires. En tant qu’invitée, je me suis présentée comme une simple enseignante qui courait des risques calculés avec sa pédagogie inversée afin d’engager davantage ses élèves.

Dans le groupe se trouvait une collègue qui occupe le poste de direction adjointe dans une école du secondaire. Après ma présentation, elle me fit part des paroles suivantes qui m’ont marquée : « Je ne comprends pas pourquoi tu te présentes comme une simple enseignante. Tu es beaucoup plus qu’une simple enseignante. » En rédigeant ce billet, ces paroles me reviennent, car je m’identifie encore comme une simple enseignante, mais une enseignante qui a finalement su mettre en place des éléments qui contribuent à ma capacité d’enseigner selon mes aspirations.  J’en suis responsable et j’en suis fière. Je vous fais part de mes réflexions avec toute humilité, car je suis reconnaissante de l’importance qu’accorde le rapport de l’ACE « … de faire entendre la voix de la profession enseignante dans la visualisation de l’avenir de l’éducation, car c’est la profession qui devrait être considérée comme la voix faisant autorité en ce qui concerne l’enseignement et l’apprentissage. » (P. 6).

Après 16 ans en enseignement, je comprends finalement que si les enseignants se baissent les bras devant tous les obstacles qui les entourent, ils laissent mourir petit à petit leurs aspirations.

Mon vécu m’a mené à une période difficile en 2011. Je permettais aux facteurs externes qui se rattachent toujours à mon titre d’enseignante de me définir au lieu de laisser mes aspirations me guider dans mon enseignement. Je me préoccupais trop des politiques d’évaluations, du trop grand nombre d’effectifs de la salle de classe et du manque de ressources humaines et matérielles. Je laissais ceux-ci puiser toutes mes énergies. Je ne prenais pas le temps de réflexion nécessaire afin de comprendre que, comme le dit bien le rapport à la page 6, « La mondialisation et les besoins de la société du savoir imposent de nouvelles exigences aux élèves comme au personnel enseignant, de sorte que les écoles doivent devenir des lieux d’innovation, d’ingéniosité et de créativité. »  Je voulais innover, mais je n’avais pas le temps, ou encore, soyons honnêtes : rien ne nourrissait ma créativité. 

Par l’entremise de ma formation continue, je me suis offert le cadeau du temps : temps de réflexion sur mes aspirations, temps de lecture, temps de consultation et temps de discussion avec mes collègues.

Je ne pouvais plus attendre que le ministère de l’Éducation ou mon district scolaire m’offre ce temps si nécessaire pour me permettre d’évoluer et d’innover. J’avais besoin de prendre en main mon avenir dans cette profession dans laquelle j’ai toujours voulu faire une différence. Quels en sont les résultats? J’ai aujourd’hui une volonté de me perfectionner dans la pédagogie inversée qui me stimule intellectuellement. Je réussis à différencier mes leçons efficacement. J’ai envie de faire de la recherche. Je travaille fort et je l’accepte volontiers! De plus, je ne comptabilise plus les heures que je consacre à mon enseignement, car je suis motivée par mes aspirations. 

Somme toute, mes aspirations sont vitales à ma personne de l’enseignante. J’ai aujourd’hui l’envie d’organiser des activités enrichissantes qui font appel à la technologie du 21e siècle. Place à la passion, à la recherche et au développement de mon expertise que méritent mes élèves!

@annickcarter1

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Annick Arsenault Carter

Annick Arsenault Carter est enseignante en  7e année à l’école Le Mascaret, à Moncton au Nouveau-Brunswick.  Elle enseigne depuis 16 ans et vient tout juste d’implanter la pédagogie inversée dans son cours de mathématique.  @annickcarter1

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