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Apprentissage autochtone, Communauté scolaire, Diversité, Programmes

L’embarras du choix d’écoles au Manitoba

Un tour d’horizon des possibilités offertes aux parents

Vous devez choisir une école au Manitoba pour vos enfants. Combien de possibilités sont disponibles? La réponse simple est une multitude. Cependant, vous voulez aussi vous assurer que cette école offre la meilleure formation et les meilleurs programmes parascolaires (sports, clubs, art dramatique). Quelle flexibilité la politique « Choisir une école »[1] vous donne-t-elle pour faciliter votre choix?

Au Manitoba, il y a des écoles de langue française et de langue anglaise. Et la variété des programmes offerts vous surprendra!

Les écoles publiques

Financées par le gouvernement du Manitoba, ces écoles suivent les programmes d’études sanctionnés par le Ministère de l’éducation.

Officiellement, il y a quatre programmes scolaires :

  1. Le programme anglais;
  2. Le programme français;
  3. Le programme d’immersion française;
  4. Le programme d’études technologiques offert au secondaire seulement.

Il y a des écoles unilingues anglophones partout dans la province où les élèves peuvent avoir des cours de sensibilisation au français de la maternelle à la 3e année, « Le français pour jeunes débutants » et des cours de français de base « Français : communication et culture » de la 4e à la 12e année. Ces cours de français sont facultatifs, lesquels représentent approximativement 10 % de la plage horaire. Le gouvernement accorde de généreuses subventions à ces écoles qui offrent le français.

Un autre programme unilingue intitulé « Français », existe grâce à l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Celle-ci autorise les parents francophones à faire éduquer leurs jeunes dans la langue de leurs ancêtres. La Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) gère ces écoles de langue française et accueille tous les ayants droit, notamment :

 

  • Un résident du Manitoba dont la langue première (apprise ou comprise) est le français ou …
  • Un résident du Manitoba ayant reçu au moins quatre ans d’enseignement scolaire dans le cadre d’un programme français (au Canada) ou …
  • Le père ou la mère d’un enfant qui reçoit de l’enseignement scolaire dans le cadre d’un programme de français ou qui a reçu un tel enseignement pendant au moins quatre ans.[2] 

 

Il y a également des écoles bilingues comme les écoles d’immersion française à 100 %, dès la maternelle. Après la 1re ou la 2e année, selon la décision prise par chaque division scolaire, ce pourcentage peut être réduit à 75 % afin d’accommoder l’apprentissage de l’anglais. Et cela peut aller jusqu’à 50 % de la 7e à la 12e année. Ces écoles sont en forte croissance. En 2001, on dénombrait 17 159 élèves et 22 725 en 2014.[3] La popularité du programme au Manitoba exige de multiples aménagements des écoles dans plusieurs divisions afin d’accommoder ce nombre croissant d’inscriptions! Quant aux programmes d’immersion, ils n’existent pas uniquement en français. D’autres programmes encouragent l’apprentissage de diverses langues, notamment une expérience en immersion partielle dans d’autres langues internationales/étrangères comme l’hébreu, l’allemand, ou l’ukrainien. Un programme bilingue en allemand se trouve dans les écoles huttériennes qui existent pour ceux qui habitent ces colonies.

Finalement, la division scolaire Winnipeg a annoncé au mois de décembre 2015 qu’elle établira les nouveaux programmes d’immersion en Cree, Ojibwa et espagnol pour septembre 2016.

Le secondaire

Au secondaire, il y a plusieurs programmes spécialisés comme des programmes du Baccalauréat international (BI), de placement avancé, de disciplines artistiques (danse, musique, arts visuels, art dramatique), des académies de sports (hockey et soccer) et des programmes d’éducation technologique, technique et professionnelle. Certains élèves et leurs parents choisissent une école secondaire en fonction des cours optionnels.

Les écoles privées

Le gouvernement du Manitoba appuie financièrement quelques écoles indépendantes (privées) si elles suivent les programmes d’études pour la province et si elles embauchent un personnel breveté du Manitoba. Ces écoles fondées sur des croyances religieuses ou divisées par sexe, reçoivent un montant d’argent par élève qui leur fournit à peu près 50 % de leur budget à partir des deniers publics, basés sur « des dépenses de fonctionnement nettes des écoles publiques indiquées dans les états financiers qui précèdent de deux ans l’année de financement actuelle ».[4]De plus, une subvention supplémentaire de 60 $ par élève pour le matériel scolaire leur est allouée. Les parents doivent subventionner les autres frais exigés par l’administration de l’école elle-même.

L’enseignement à domicile

Si vous ne voulez pas que votre enfant fasse partie d’une école soutenue par le gouvernement, vous pouvez opter pour l’enseignement à domicile. Toutefois, vous serez responsable de l’instruction de votre enfant, laquelle devra être sanctionnée par des tests officiels du Ministère de l’éducation, et assumerez tous les frais associés à ce choix. 

Les écoles des Premières Nations

Finalement, au Manitoba, il y a des écoles pour les Premières Nations, notamment celles gérées par une division scolaire en particulier « Frontier » sous le financement provincial et celles dont les réserves sont financées par le gouvernement fédéral.

Est-ce que la politique « Choisir une école » favorise réellement l’équité et l’égalité des chances?

Selon moi, la politique « Choisir une école » fait croire aux parents qu’ils ont une autonomie dans le choix de l’école, mais en réalité cette initiative sert à renforcer l’iniquité dans les écoles du Manitoba pour plusieurs raisons.

Premièrement, les parents qui ont les moyens peuvent choisir n’importe quelle école, peu importe la distance de la maison, car ils ont les moyens de transporter ou de payer le transport de leur enfant.

Deuxièmement, étant donné que le financement des écoles au Manitoba est lié directement au nombre d’élèves par bâtiment, celles offrant une meilleure qualité de formation et des programmes spécialisés seront plus populaires, verront leur clientèle et leur financement augmenter au détriment des autres écoles. Et ce mode de financement se perpétue année après année. Il est évident qu’une offre de services plus diversifiée génère plus d’argent et permet à la direction d’embaucher plus de personnels.

Troisièmement, les écoles qui cherchent à recruter les meilleurs élèves pour des programmes spécialisés écrèment la clientèle. Si cette politique prône avec vigueur l’équité et l’égalité de chances, ne se retrouve-t-on pas, malgré tout, face à un problème d’iniquité? En effet, les écoles de milieux défavorisés s’appauvrissent et, lorsque leurs meilleurs éléments partent, le pourcentage d’élèves avec difficultés augmente. C’est un cercle vicieux!

Malgré la multitude d’écoles existantes, l’initiative « Choisir une école » peut facilement engendrer des iniquités. En fonction du niveau socioéconomique des jeunes de la province du Manitoba, il faut garder un regard critique face à cette politique et se questionner sur la « véritable » liberté accordée aux parents quand vient le temps de choisir la bonne école pour son enfant.

 

Recap: In this article, the author describes the various possibilities available to Manitoba parents when it is time to choose a school for their child, i.e., the one that will provide the best education and best extracurricular programs. She also questions whether the flexibility of the “Schools of Choice” policy actually facilitates this selection process. In addition to identifying the four public school programs offered in Manitoba (English, French, French Immersion and Technology Education, the latter offered only in high school), she briefly describes the main options available: high school, private schools, home schooling and First Nations schools.

 

 


Première publication dans Éducation Canada, juin 2016

 

 

1 Éducation Manitoba. (2014). Écoles du Manitoba: Choisir une école. Repéré à www.edu.gov.mb.ca/m12/ecoles-mb/choisir/index.html

2 Division scolaire franco-manitobaine. (2015). Inscription à la maternelle pour l’année scolaire 2015-2016. Repéré à www.dsfm.mb.ca/ScriptorWeb/scripto.asp?resultat=829739

3 Éducation Manitoba. (2015a). Statistiques et finances – statistiques scolaires. Repéré à www.edu.gov.mb.ca/m12/progetu/programmes.html

4 Éducation Manitoba. (2015b). Écoles indépendantes subventionnées : Financement. Repéré à www.edu.gov.mb.ca/m12/écoles-mb/ind/ind_sub/finance.html

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Corinne E. Barrett DeWiele

Corinne E. Barrett DeWiele est professionnelle-enseignante à la Faculté d’éducation à l’Université de Saint-Boniface, à Winnipeg au Manitoba. Elle est aussi doctorante en administration scolaire à l’Université du Manitoba.

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