Virage vert
Deux écoles canadiennes qui se distinguent
Les écoles peuvent relever le défi du changement climatique de différentes manières. Voici deux exemples remarquables, mais très différents.
La dernière élection fédérale a été marquée par un virage alors que les changements climatiques et l’environnement sont devenus des priorités essentielles pour les Canadiens. Face à des conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles, aux inquiétudes relatives au fait que le Canada ne respecte pas ses engagements mondiaux en matière de réduction de son empreinte carbone et à un solide mouvement de la jeunesse, la sensibilisation et la préoccupation du public à l’égard du climat n’ont jamais été aussi palpables.
Les jeunes ont été au centre de ce virage, en partie sous l’impulsion des grèves climatiques de Greta Thunberg qui ont galvanisé jeunes et plus âgés, partout dans le monde. Au Canada, les écoles font aussi partie de la discussion. Que ce soit par des programmes d’études et initiatives scolaires qui explorent les changements climatiques et l’impact humain sur l’environnement ou par des changements aux installations physiques qui favorisent l’efficacité énergétique, la réduction des déchets et la santé des élèves, les écoles canadiennes relèvent les défis posés par les changements climatiques de façons uniques.
École Curé-Paquin : ouvrir la voie au carbone zéro
L’école primaire Curé-Paquin à Saint-Eustache, au Québec, accueille plus de 350 élèves cet hiver. C’est le premier projet au Québec à avoir obtenu la certification Bâtiment à carbone zéro – Design du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa).
Cette certification signifie que l’école Curé-Paquin est conçue pour atteindre l’objectif de zéro émission de gaz à effet de serre (GES) associé à l’exploitation du bâtiment. L’école fait partie d’un projet pilote pour la Norme du bâtiment à carbone zéro qui met l’accent sur les émissions de carbone dans la conception et la performance des bâtiments.
« La commission scolaire avait comme objectif de créer un milieu d’apprentissage confortable et d’offrir aux élèves un bâtiment exemplaire qui pourrait aussi servir d’outil d’apprentissage. »
La Norme du bâtiment à carbone zéro cadre bien avec la volonté de la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles (CCCMI) de construire des bâtiments durables et de contribuer à la réduction des GES. La commission scolaire considère ce projet comme une initiative phare qui incitera d’autres commissions scolaires de la province à également emboîter le pas pour réduire leurs émissions de GES.
« Nous avons besoin d’initiatives créatives et audacieuses pour contrer les effets des changements climatiques », a déclaré Paule Fortier, présidente de la CCCMI. « Je suis heureuse que notre organisation pose ce geste écologiquement responsable en construisant cette école pour les générations futures. »
Plusieurs décisions ont été prises pour améliorer l’efficacité énergétique et le milieu ambiant de l’école. Par exemple, l’école Curé-Paquin utilise l’énergie géothermique pour satisfaire la totalité de ses besoins en chauffage et climatisation. Des panneaux solaires photovoltaïques d’une capacité de 27 kilowatts sont installés sur la toiture de son gymnase. L’école possède également un système d’éclairage DEL contrôlé par des détecteurs de présence, ce qui contribue à réduire la consommation d’énergie totale et la demande en énergie pendant le jour.
Une enveloppe du bâtiment supérieure limite les pertes d’air chaud ou froid, alors que le design optimise la lumière et la ventilation naturelles pour que les élèves soient en meilleure santé (et plus alertes). Des études compilées par le Center for Green Schools des États-Unis ont révélé qu’une piètre ventilation entraînait un plus grand nombre d’absences chez les élèves en raison d’infections respiratoires, et qu’elle augmentait l’incidence du syndrome du bâtiment malsain et le nombre de visites des infirmières dans les écoles pour des problèmes respiratoires. De plus, une étude de 2013 ayant analysé les données de 21 000 élèves a établi un lien direct entre les classes qui ont un meilleur éclairage naturel et l’amélioration des résultats scolaires.
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La commission scolaire avait comme objectif de créer un milieu d’apprentissage confortable et d’offrir aux élèves un bâtiment exemplaire qui pourrait aussi servir d’outil d’apprentissage. L’un de ces outils est un écran qui montre la consommation et la production quotidiennes d’énergie de l’école, y compris l’énergie produite par les panneaux solaires photovoltaïques. Dans les cours de sciences, les élèves apprennent comment réduire les GES à l’aide des technologies qui se trouvent dans l’école.
L’école primaire W. D. Ferris adopte un programme d’études vert
Alors que le design à carbone zéro de l’école Curé-Paquin est au cœur de ses efforts de durabilité, d’autres écoles mettent l’accent sur les programmes d’études et autres programmes scolaires pour aider les élèves à comprendre l’importance des changements climatiques, de l’environnement et de leur rôle dans la protection du monde naturel.
L’école primaire W. D. Ferris située à Richmond en Colombie-Britannique est l’une de ces écoles. Le programme d’études expose les élèves à l’environnementalisme avec des programmes conçus pour les aider à économiser l’énergie, à réduire les déchets et la consommation d’eau, puis à améliorer le transport et la qualité de l’air intérieur.
Kevin Lyseng, enseignant et responsable de la gérance environnementale, attribue aux élèves le mérite d’avoir trouvé plusieurs idées du programme à la base de l’orientation environnementale de l’école. « Nous nous soucions de nous-mêmes, des autres et de l’environnement, voilà ce que nous faisons », a-t-il expliqué. « Nous bénéficions également du soutien continu du district scolaire de Richmond. »
L’école compte un peu plus de 500 élèves de la maternelle à la 7e année. Selon la classe, les élèves participent à divers programmes, incluant l’élevage du saumon Coho, la culture du raisin ou la participation à des audits réguliers sur la consommation d’énergie et des niveaux de déchets. Ces audits contribuent à façonner les activités qui ont eu un impact important sur l’école. Le passage à la collecte des déchets à six bacs a permis de détourner 80 pour cent des déchets depuis 2007. Les programmes d’information sur les économies d’énergie saisonnières ont aussi contribué à réduire de deux pour cent la consommation d’électricité, et ce, malgré l’augmentation des activités de l’école.
Pour réduire le gaspillage de nourriture, l’école a inversé l’horaire du dîner et de la récréation, de sorte que les élèves peuvent jouer avant de manger. Ils ont ainsi tendance à manger leur repas, ce qui contribue à une réduction de 95 pour cent du gaspillage alimentaire. L’école a même mis à l’essai un projet d’emballage souple pour la ville de Richmond et travaille avec son fournisseur de repas chauds pour régler le problème des plastiques à usage unique.
L’école encourage le transport actif pour se rendre à l’école et retourner à la maison par ses programmes de marche et d’apprentissage de la bicyclette. Ces programmes aident les élèves à se tenir en forme, réduisent la pollution de l’air et limitent la circulation autour de l’école, ce qui améliore la sécurité.
Dans l’école, les concierges utilisent des nettoyants au ph neutre. L’utilisation de tapis et de craie est réduite au minimum. Les classes sont sans odeur et les peintures et les meubles sont à faible teneur en COV pour maintenir la qualité de l’air à un niveau élevé. Les filtres à air des salles de classe sont remplacés tous les mois et dans les classes qui comptent des élèves ayant des allergies sévères, on utilise des filtres HEPA.
Le grand succès de cette petite école dans la poursuite de son programme de durabilité et son approche à l’apprentissage a été reconnu récemment. En septembre dernier, l’école W. D. Ferris s’est vue décerner le titre de l’École la plus verte au Canada pour 2019 par le CBDCa.
Diane Steele, la directrice de l’école, a déclaré que l’école était très honorée et a reconnu les efforts de toutes les écoles qui s’engagent envers la durabilité.
« Nous voulons également souligner le travail acharné que les élèves et le personnel accomplissent quotidiennement dans les écoles à travers le Canada pour sensibiliser leurs collectivités à la gérance de l’environnement », a-t-elle dit. « Nous encourageons toutes les écoles à inspirer des changements écologiques dans leurs milieux. »
L’école W. D. Ferris continue de diffuser son message à sa communauté élargie. Les élèves et les enseignants participent au Grand nettoyage des rivages canadiens depuis 2008 et l’école organise régulièrement des ECO-Cafés dans son district, où les leaders verts se rencontrent pour faire part de leurs succès et de leurs défis. L’école primaire Ferris redonne à la communauté en encourageant les autres à réduire leur empreinte écologique.
Conseil du bâtiment durable du Canada
Le Conseil du bâtiment durable du Canada est un organisme pancanadien à but non lucratif qui se voue depuis 2002 à la promotion des pratiques liées aux bâtiments durables et à l’aménagement de collectivités durables.
Le CBDCa et la Coalition canadienne pour des écoles vertes organisent le concours de l’école la plus verte au Canada qui reconnaît les écoles qui intègrent l’éducation en durabilité dans leur programme scolaire et qui offrent aux élèves des programmes et des activités qui favorisent la sensibilisation à l’environnement.
Pour en savoir plus, visitez le site de l’école la plus verte.
Photo : Gracieusé de l’auteur Mark Hutchinson
Première publication dans Éducation Canada, mars 20120
Notes
1 The Zero Carbon Building Standard is a Canadian-made standard and certification that assesses the carbon balance of a building – when there are no carbon emissions associated with operations, it has achieved zero carbon.
2 Sick Building Syndrome is used to describe cases in which building occupants experience adverse health effects potentially linked to the time they spend in the building.