Une essentielle remise en question
« Les formations et les carrières se dessinent à partir de bilans individuels de compétences, de l’évaluation des potentiels personnels1. »
Cet extrait d’un article portant sur la citoyenneté et les malaises ouvriers en France lors des élections présidentielles françaises de 2002 est pour le moins prophétique lorsqu’on le considère dans le contexte des pratiques exemplaires en évaluation instruites par les compétences citoyennes idéales requises au 21e siècle. Bien que subsistent encore dans certaines classes des approches évaluatives pénalisantes basées sur la mémorisation de connaissances, il est heureusement admis que les stratégies d’évaluation équitables, motivantes et différenciées d’aujourd’hui reposent sur une étroite collaboration entre les enseignants et chacun de leurs élèves. De nos jours, les élèves se doivent d’être effectivement responsabilisés en ce qui concerne leur propre évaluation au point d’être même impliqués dans la planification, la reconnaissance, la compréhension et l’anticipation de la démonstration requise de leurs compétences et de leurs habiletés, et cela bien sûr de concert avec leurs enseignants.
C’est du moins ce que prônent dans ces pages les généreux témoins et spécialistes d’une évaluation dont l’objectif est, sans la moindre équivoque, de mesurer l’apprentissage des apprenants afin de mieux pouvoir les guider à l’aide d’une approche qui mènera au meilleur développement possible des compétences de chacun de leurs élèves, et cela que ce soit au cœur d’une salle de classe ou dans le contexte d’évaluations à grande échelle. Et à ce sujet, je vous invite à consulter, entre autres, l’article de Monique Lachance, intitulé Pour une réévaluation de l’évaluation, publié sur le site du Réseau ÉdCan. Cet article résume de nombreuses perles pédagogiques que vous retrouverez dans ces pages, reflétant toutes une réflexion approfondie sur la nécessité de revoir complètement comment les pratiques d’évaluation doivent inévitablement évoluer.
Ce que vous retirerez de la lecture de tous ces articles, c’est que l’évaluation ne constitue pas une fin en soi. L’élève n’apprend pas pour être évalué, mais il est évalué pour mieux apprendre. Le geste pédagogique d’évaluer requiert donc aujourd’hui autant d’apprentissages et de compétences de la part des pédagogues que de celle des élèves !
Première publication dans Éducation Canada, mars 2019
1 Danielle Linhart, « Travail en miettes, citoyens déboussolés », Le Monde diplomatique, juin (2002) : 4 et 5.