Prévention du suicide : six questions que les directions scolaires se doivent de poser
« Agir » et « bien agir » sont parfois des choses bien différentes
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TéléchargerLa prévention du suicide est un sujet chargé d’émotivité, et les parents, collectivités ou médias sont prompts à nous presser de « faire quelque chose » lorsque survient un suicide. Les formations en prévention ne font pas partie du programme pédagogique habituel, et lorsqu’un évènement de nature suicidaire survient, les directions scolaires, les décideurs politiques et les politiciens doivent :
- garder à l’esprit qu’il n’existe pas de preuve du bienfondé des stratégies de prévention du suicide;
- reconnaitre la nécessité de ne pas se précipiter pour acheter le dernier cri en matière de programme de prévention du suicide;
- sensibiliser les élèves et les enseignants à l’importance de la santé mentale, tout en garantissant à tous les élèves un milieu invitant, accueillant et suffisamment stimulant;
- continuer à former le personnel scolaire dans la détection, l’évaluation, l’aiguillage et le soutien aux élèves qui souffrent d’une maladie mentale, car la plupart des jeunes décédés par suicide ont une maladie mentale.
Ces quatre approches ont de meilleures chances de prévenir le suicide des élèves que celles qu’offrent actuellement des programmes de prévention habilement commercialisés.
Questions importantes à poser avant de mettre en œuvre un programme scolaire de prévention du suicide :
- Le programme est-il offert à la vente? Comporte-t-il des frais de formation, de licence ou de renouvèlement? Si oui, l’acheteur doit se méfier. Si non, c’est l’utilisateur qui doit se méfier.
- Existe-t-il des preuves indépendantes (et non des preuves produites ou financées par le promoteur ou le fournisseur) que le programme diminue le taux de suicide chez les jeunes? N’acceptez pas d’évaluation « fondée sur des données probantes » qui portent sur les mesures auto-déclarées suivantes : la sensibilisation au suicide, la facilité à parler de suicide, l’intention de demander de l’aide, la confiance d’aider une personne qui a des idées suicidaires, la volonté de parler à une personne de ses pensées suicidaires ou de ses tentatives de suicide. Aucune d’elles n’est une mesure valide de prévention du suicide. Un programme figurant sur un « registre de santé mentale » n’est pas pour autant efficace ou sûr.
- Votre école dispose-t-elle d’un protocole clair et bien établi de détection et d’évaluation des élèves qui présentent des comportements ou pensées suicidaires?
- Êtes-vous en contact avec des thérapeutes en santé mentale de proximité désireux et capables d’évaluer immédiatement un élève que l’intervention a signalé comme ayant besoin d’un suivi?
- Quels sont les autres programmes offerts sur le marché? Sont-ils meilleurs, plus sûrs ou moins coûteux? (voir le point 1 ci-dessus)
- Combien coûtera la mise en œuvre du programme en coûts directs, indirects et en coûts de renonciation? Qu’est-ce que vous ne pourrez pas offrir si vous appliquez ce programme?
Les dirigeants d’établissements scolaires doivent faire les choses qu’ils savent être efficaces pour prévenir le suicide, éviter celles qu’ils savent ne pas être efficaces ou dont ils ne sont pas certains ou qui pourraient même causer plus de tort que de bien. « Agir » et « bien agir » sont parfois des choses bien différentes.
INFORMATION ET RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES
Réseau ÉdCan :
- Que peuvent faire les directions d’école à la suite du suicide d’un élève ou d’un membre du personnel?
- School Mental Health Literacy: A national curriculum guide shows promising results (en anglais uniquement)
TeenMentalHealth.org:
- What is evidence-based school mental health literacy? (en anglais uniquement)
- Suicide (en anglais uniquement)
RÉFÉRENCES
Knightsmith P. Youth suicide prevention research needs a shake-up: lives depend on it. 2018. Repéré à https://www.nationalelfservice.net/mental-health/suicide/youth-suicide-prevention-research-needs-a-shake-up-lives-depend-on-it/
Kutcher S., Wei Y. The vexing challenge of suicide prevention: a research informed perspective on a recent systematic review. 2016. Repéré à https://www.nationalelfservice.net/mental-health/suicide/vexing-challenge-suicide-prevention-research-informed-perspective-recent-systematic-review/
King CA., Arango A., Kramer A., et., al. Association of the Youth-Nominated Support Team Intervention for Suicidal Adolescents With 11- to 14-Year Mortality Outcomes. Secondary Analysis of a Randomized Clinical Trial. JAMA Psychiatry. 2019. doi:10.1001/jamapsychiatry.2018.4358
Schilling EA, Lawless M, Buchanan L, et al. Signs of Suicide shows promise as a middle school suicide prevention program. Suicide Life Threat Behav. 2014; 44(6): 653-67.
Bailey E, et al. Universal Suicide Prevention in Young People: An evaluation of the safeTALK Program in Australian High Schools. Crisis. 2017; 38(5), 300-308.
Kutcher S., et al. School-and Community-Based Youth Suicide Prevention Interventions: Hot Idea, Hot Air, or Sham? The Canadian Journal of Psychiatry. (2016): 1-7.
À noter : Cette fiche est conforme à la nouvelle orthographe. Le générique masculin est utilisé sans discrimination et uniquement dans le but d’alléger le texte.