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Communauté scolaire, Engagement

Soutenir le développement de l’autodétermination

Recommandations aux parents d’adolescents dysphasiques

La dysphasie est un trouble du langage d’origine neurologique qui fait en sorte qu’une personne présente, de façon marquée, des capacités langagières inférieures à celles des gens de son âge1. Pour plusieurs adolescents, vivre quotidiennement avec une dysphasie amène son lot de défis scolaires et sociaux qui nuisent à leur persévérance scolaire.

Pour favoriser cette persévérance, une option intéressante est à considérer : soutenir le développement de leur autodétermination. Pour être autodéterminé, un adolescent doit sentir qu’il initie et contrôle ses actions, en plus de faire des choix de vie sans être influencé ou interféré par autrui2. Plus précisément, il doit présenter quatre caractéristiques essentielles, décrites dans la figure 1 ci-dessous. 3

Les parents peuvent favoriser le développement de ces caractéristiques, mais doivent adapter leurs comportements aux aptitudes de leur adolescent et se questionner sur la manière dont ce dernier perçoit le soutien reçu.

Partant de ce fait, une recherche a été réalisée auprès de 4 adolescents ayant une dysphasie et 6 de leurs parents afin de répertorier les comportements adoptés pour soutenir ce développement. Le mémoire de Tardif 4 présente l’ensemble de ces comportements. Les adolescents ont aussi été invités à donner leur point de vue sur ce soutien parental. Cette recherche a alors également permis de proposer des recommandations aux parents qui souhaitent soutenir davantage ce développement, lesquelles seront présentées dans cet article.

Recommandation 1 : Optimiser le développement de leur autonomie

Tous les parents rencontrés admettent qu’il est difficile pour eux de soutenir le développement de cette caractéristique. Pour un parent, « C’est pas compliqué, c’est qu’on veut aller au-devant d’elle pour lui parer les coups, pour la protéger. […] En même temps, je crois que c’est que nous, comme parents, ça nous réconforte. Ça nous garde dans une zone de confort ». Soutenir davantage le développement de cette caractéristique est toutefois à prioriser. Pour ce faire, les parents peuvent adopter certains comportements présentés dans le tableau 1. 5,6

Recommandation 2 : Établir des objectifs à court, moyen ou long terme avec l’adolescent

Parmi tous les parents consultés, aucun d’entre eux n’aide son adolescent à établir des objectifs. Or, l’atteinte des objectifs est intimement liée au développement de l’autorégulation et de l’autodétermination en général. Les parents auraient ainsi tout à gagner à aider leur adolescent à établir des objectifs. Ils doivent être réalistes, variés et adaptés aux capacités des jeunes. Le tableau 2 présente quelques exemples d’objectifs à court, moyen ou long terme pouvant être établis avec l’adolescent. En les atteignant, l’adolescent vit régulièrement l’atteinte de la réussite et dévoile ses capacités.

 

Recommandation 3 : Aider à connaître ses faiblesses pour mieux les affronter

Pour développer son autoréalisation, un adolescent doit connaître ses forces et ses faiblesses et agir en fonction de celles-ci. Les parents rencontrés avouent miser principalement sur les forces de leur adolescent. Il pourrait être pertinent de proposer à leur adolescent des défis liés à leurs difficultés afin qu’ils puissent tester leurs compétences et découvrir des façons de contrer leurs limites. De plus, les parents pourraient discuter avec leur adolescent des stratégies permettant de pallier leurs faiblesses (ex. : s’inscrire à des ateliers pour mieux gérer leur anxiété). Ce qui importe, c’est qu’ils s’habilitent à agir en fonction de leurs forces, mais également de leurs limites. 

Conclusion 

Ainsi, les parents demeurent de véritables partenaires en ce qui a trait au développement de l’autodétermination des adolescents présentant une dysphasie. Les enseignants demeurent également influents pour ces adolescents et ont tout à gagner à adopter des comportements similaires, les soutenant dès lors dans leur persévérance scolaire.

 

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Photo : iStock


1 American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5e éd.). Arlington, VA: American Psychiatric Publishing.

2 Wehmeyer, M., Lachapelle, Y., Boisvert, D., Leclerc, D. et Morrissette, R. (2001). L’échelle d’autodétermination du LARIDI – Guide d’utilisation de l’Échelle. Trois-Rivières (Québec), Canada: Chaire de recherche sur les Technologies de soutien.

3 Wehmeyer, M. et Lachapelle, Y. (2006). Autodétermination, proposition d’un modèle conceptuel fonctionnel. Dans H. Gascon, D. Boisvert, M.-C. Haelewyck, J.-R. Poulin, et J.-J. Detraux (dir.), Déficience intellectuelle, savoirs et perspectives d’action (p. 69-76). Québec, QC: Presses interuniversitaires.

4 Tardif, S. (2016). Opinion d’adolescents dysphasiques sur les comportements adoptés par leurs parents pour soutenir le développement de leur autodétermination (Mémoire de maitrise). Université du Québec à Chicoutimi.

5 Savard, A., Joussemet, M., Emond Pelletier, J. et Mageau, G. (2013). The benefits of autonomy support for adolescents with severe emotional and behavioral problems. Motivation and Emotion, 37(4), 688-700.

6 Op.cit.

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Suzie Tardif

Chercheure, ÉCOBES - Recherche et transfert (Cégep de Jonquière)

Suzie Tardif est candidate au doctorat en éducation à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et chercheure à ÉCOBES — Recherche et transfert, un centre de transfert technologique en pra...

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