L’insertion des enseignants Débutants : Une expérience Chilienne
L’accompagnement des enseignants débutants au Chili
« Ouf! Ça fait seulement une semaine que je travaille dans cette école et pourtant j’ai l’impression que ça fait un an. Mes collègues de travail ignorent ma présence et me font sentir comme si j’avais volé le poste d’une autre personne. »
« À peine suis-je arrivé qu’on m’a dit à qui je pouvais parler ou pas, ce que je devais faire ou ne pas faire. Quelle chance!
Les commentaires précédents ont été émis par deux enseignants débutants provenant de deux établissements scolaires.
L’intérêt que nous portons au regard de l’insertion professionnelle des enseignants débutants et de leur accompagnement au cours des premières années de leur entrée en fonction a permis de constater une faiblesse d’encadrement systématique par les facultés responsables de leur formation initiale au Chili. Celles-ci ne connaissent ni le cheminement de ces diplômés au moment de leur engagement dans le milieu scolaire, ni les problèmes auxquels ils doivent faire face dès les premiers stades de leur vie professionnelle, ni les raisons pour lesquelles certains décident d’abandonner la profession.
On constate également, dans le milieu scolaire, un manque d’intérêt marqué et systématique pour l’insertion professionnelle des enseignants débutants. Au Chili, la volonté de procurer un accompagnement à l’insertion professionnelle des enseignants débutants se développe de façon progressive dans deux secteurs : le milieu académique et le milieu politique. Bien que ces deux secteurs se soient nourris d’échanges prometteurs, on peut affirmer que, depuis une dizaine d’années, on ne voit pas se dessiner une stratégie de concertation sur le sujet.
Au Chili, la volonté de procurer un accompagnement à l’insertion professionnelle des enseignants débutants se développe de façon progressive dans deux secteurs : le milieu académique et le milieu politique.
Du point de vue académique, nous devons souligner la recherche en développement effectuée depuis les années quatre-vingt-dix mettant en œuvre des mesures, autant quantitatives que qualitatives, facilitant l’insertion professionnelle et l’initiation pédagogique des enseignants débutants.
À l’issue de cette recherche, nous avons vu naître, à l’Université pontificale catholique du Chili, le premier programme d’accompagnement. Il s’agissait d’un projet pilote dans lequel, des triades de travail étaient formées pour assurer le développement professionnel des débutants. Ces triades étaient constituées d’un enseignant débutant, d’un enseignant expérimenté du milieu scolaire et d’un professeur de la faculté d’éducation de l’Université.
Les triades de développement professionnel ont apporté des changements importants dans le regard porté par le milieu universitaire et aussi par le milieu scolaire sur la nécessité d’encadrer les débutants en créant un espace commun d’échange et de collaboration, ce qui n’était pas habituel dans notre pays.
L’effet inattendu de cette relation a considérablement modifié le rôle assumé traditionnellement par les enseignants de l’école, qui devenaient ainsi des accompagnateurs dans un processus de formation des nouveaux enseignants. Cette nouvelle réalité a exigé, de la part des enseignants d’expérience, l’organisation formelle du processus d’accompagnement.
Pour sa part, l’équipe de recherche a été constamment appelée à revoir ses façons de faire à la lumière de la réalité que les nouveaux enseignants devaient affronter au moment de leur insertion. Ces ajustements ont eu des répercussions dans les programmes de formation initiale et dans la supervision.
Du point de vue politique, le Chili, au cours de la première décennie des années 2000, a analysé les résultats scolaires au niveau national. De cette analyse critique a émergé le constat de l’absence d’une politique de développement professionnel qui n’avait pas été envisagée dans le processus de formation initiale. La formation initiale devrait tenir compte dorénavant de l’impact que pouvait avoir l’insertion professionnelle dans la formation des enseignants débutants.
À la suite des études et des recherches, une commission d’études à l’échelle nationale a été mise en place; cette commission était composée de représentants de divers secteurs tant des milieux universitaire, scolaire public et privé ainsi que des représentants du Ministère de l’éducation. Cette commission nationale s’était donné le mandat d’examiner la faisabilité politique et économique de créer des programmes d’accompagnement à l’insertion professionnelle.
La commission nationale a entériné le diagnostic existant et a souligné l’importance d’étendre à tout le pays la nécessité d’établir des liens entre les universités et les milieux d’enseignement afin de favoriser ce type d’accompagnement. Parallèlement, le Ministère a créé une unité responsable de l’insertion professionnelle. Ces mesures se sont avérées efficaces dans six universités situées dans quatre des treize régions du pays.
Bien que ces expériences aient produit des avancées majeures dans les diverses formes de soutien aux enseignants débutants, l’étape finale d’institutionnalisation dans tout le pays demeure fragile. En effet, il a été parfois difficile de s’entendre sur les modalités, les responsabilités partagées et la durée des initiatives, de sorte que ces expériences ont été considérées comme isolées avec une faible incidence de contagion, à l’exception du soutien important donné par l’Institut pour l’innovation éducative de l’OEI (Organisation des États Ibéro-américains). Cet organisme a appuyé l’importance d’une discussion ouverte et publique sur l’institutionnalisation des processus d’accompagnement des enseignants débutants.
Cette discussion alimente la réflexion qui a cours dans notre pays au sujet de la profession enseignante; on reconnaît que l’insertion professionnelle, en début de carrière, est un espace qui implique la mise en place de conditions favorables pour les enseignants expérimentés afin qu’ils soient en mesure d’assumer la tâche d’accompagnement professionnel qui leur est confiée.
En mars 2012 a eu lieu, au Chili, une rencontre internationale au cours de laquelle la question de l’insertion professionnelle a été abordée; des spécialistes, en provenance de divers pays dont Israël, l’Angleterre, l’Espagne, le Canada et de plusieurs pays d’Amérique latine, ont échangé leurs points de vue sur le sujet.
En mars 2012 a eu lieu, au Chili, une rencontre internationale au cours de laquelle la question de l’insertion professionnelle a été abordée; des spécialistes, en provenance de divers pays dont Israël, l’Angleterre, l’Espagne, le Canada et de plusieurs pays d’Amérique latine, ont échangé leurs points de vue sur le sujet. Ces échanges ont mis en évidence que, sur le continent sud-américain, l’appui à l’insertion professionnelle est de loin beaucoup moins développé qu’il ne l’est en Amérique du Nord et en Europe.
Cette rencontre a fait valoir la nécessité d’analyser en profondeur les bonnes expériences vécues ailleurs, non dans le but de les reproduire intégralement, mais plutôt d’apprendre de ces dernières et de les adapter à notre réalité.
Cela a également permis de prendre conscience de l’urgent besoin d’établir des mécanismes officiels et légaux facilitant les liens entre les universités et les établissements scolaires avec l’objectif de favoriser l’émergence d’expériences d’accompagnement à la réussite de l’insertion professionnelle des enseignants débutants au Chili.
Cet article a été traduit de l’espagnol au français.
RECAP – In Chile, the willingness to support new teachers’ transition into the profession has gradually been developing. The first support program emerged from a pilot project at the Pontifical Catholic University of Chile. A national study commission composed of representatives from both the university and the (public and private) school sectors and from the Ministry of Education took on the mandate to examine the political and economic feasibility of creating teacher-induction support programs. In March 2012, an international meeting took place in Chile during which the question of teacher induction was addressed. Specialists from various countries, including Israel, England, Spain, Canada, and several Latin American countries, shared their views on the topic. These discussions highlighted the fact that, on the South American continent, support for teacher induction is far less developed than it is in North America and Europe.