L’implantation de la réforme scolaire québécoise : un parcours semé de succès et d’embûches
Au Québec, la réforme d’éducation en cours vise essentiellement à améliorer la qualité des apprentissages des élèves. Or, ses fondements ont toujours fait consensus, tant auprès des théoriciens et des praticiens que des décideurs. C’est dans son application qu’il y a eu parfois dérives et dérapages. Pourtant, les visées étaient nobles : mettre l’accent sur l’essentiel, rehausser le niveau culturel des programmes d’études, introduire plus de rigueur à l’école, accorder une attention particulière à chaque élève, lui assurer les bases d’une formation continue, mettre l’organisation scolaire au service des élèves et restructurer les services à la petite enfance. Mais, que s’est-il passé depuis 15 ans entre les intentions de départ et son implantation plus ou moins réussie, selon les médias et les critiques du milieu?
Paul Inchauspé, qui a présidé le groupe de travail sur la réforme du curriculum en 1997, se penche sur cette réforme du curriculum d’études et plusieurs leaders québécois en éducation se prononcent sur son implantation jugée bien imparfaite.
Nos auteurs et mon expérience personnelle me permettent d’identifier quatre facteurs pouvant expliquer, du moins en partie, les principales dérives de la réforme survenues tout au long de son parcours :
- Un problème de communication sur les grands enjeux et les principaux défis de la réforme, d’où un certain scepticisme et une forme de dérision de la part du grand public;
- Un manque de formation structurée pour tous les enseignants;
- Des résistances syndicales;
- Et, surtout, un manque de planification de l’évaluation des apprentissages.
Il y a eu beaucoup de dérision à propos de cette réforme qui était pourtant porteuse d’innovations et de changements importants. Et dire que cette même réforme plaçait l’enfant au centre des apprentissages en le rendant actif et responsable!
Toute refonte de programme devrait avoir comme corollaire prioritaire et déterminant une politique d’évaluation des apprentissages. Lorsque nous prévoyons un voyage, nous devons connaître la destination et les objectifs que nous souhaitons atteindre. Pourquoi ne pas avoir suivi cette logique dans l’implantation de la réforme québécoise? Si ses détracteurs ont quelque peu dilapidé ses orientations fondamentales, nous devons reconnaître que les enseignants ont réussi, malgré tout, à former une relève compétente, mieux outillée pour relever les défis du XXIe siècle. Bien sûr, il y a encore beaucoup de travail à faire, mais l’espoir est là. Et si cette réforme nous avait seulement permis de construire un avenir meilleur, enrichi des expériences et des acquis du passé, nous aurions déjà fait un grand pas d’innovation pédagogique, garant du succès de demain!