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Les microagressions raciales : que pourrions-nous faire pour les éviter?

Cette fiche éducative est destinée aux leaders éducatifs et systémiques, tels que les directions d’école désireux de comprendre ce qu’est le racisme systémique et en quoi une microagression raciale en est un exemple.  

LE RACISME SYSTÉMIQUE

Les racismes sociétal, institutionnel et individuel constituent ensemble le racisme systémique. Le racisme systémique résulte non seulement de l’interaction réciproque, mais aussi de l’imbrication de ces trois types de racisme. Même si certain.e.s pourraient penser qu’une micro-agression raciale est uniquement un exemple de racisme individuel, ce n’est pas le cas (Jean-Pierre et Villella, 2022).

À noter : Le linguicisme, qu’on appelle aussi la discrimination linguistique, n’est pas du racisme, soit une discrimination raciale. Toutefois, une personne autochtone, noire ou racisée peut vivre du linguicisme racialisé à cause de son accent (Jean-Pierre et Villella, 2022).

 

UNE MICROAGRESSION RACIALE : Une brève indignité quotidienne (re)produisant des commentaires racistes ou des insultes racistes envers des personnes noires ou racisées. Ce tableau montre les trois catégories principales de microagressions : microinvalidations, microinsultes et microassauts (Sue et al, 2007). 

Types Exemples Messages contextualisés
Microinsultes (souvent inconscientes) :  porter un jugement sur les valeurs et le style de communication d’une personne noire, par exemple, lorsqu’elle enseigne dans une classe composée d’élèves à prédominance blanche.  « Vous parlez trop fort/vous ne parlez pas assez fort. Ici, pour que les enfants vous écoutent, vous devez plutôt… Sinon…».   La personne noire doit s’assimiler aux valeurs ou aux normes du groupe dominant, c’est-à-dire de l’élite blanche, ou en subir les conséquences sur sa carrière.  
Microassauts (souvent conscients) : dénigrer expressément une personne noire.  Une personne blanche insiste sur le fait qu’on a le droit d’utiliser le mot en N et répète ensuite ce mot en regardant la personne noire pour renforcer son point de vue. L’identité et l’expérience raciale des personnes noires ne comptent pas. 
Microinvalidations (souvent inconscientes) : nier qu’une personne noire a vécu un incident de racisme.  « Ce que tu as vécu n’est pas du racisme. La direction dit ça à toutes les nouvelles enseignantes et à tous les nouveaux enseignants » L’expérience d’une personne noire n’est pas considérée comme étant légitime.

La manifestation d’une microagression, qu’elle soit consciente ou non, n’est pas seulement un exemple de racisme individuel. On peut retracer ses fondements dans le racisme institutionnel ainsi que dans le racisme sociétal, donc, dans le racisme systémique anti-Noir.e.s. 

PREMIÈRES RECOMMANDATIONS POUR DÉSAPPRENDRE LE RACISME SYSTÉMIQUE 

  • Reconnaître toutes les nations autochtones, c’est-à-dire les Premières Nations, les Inuits et les Métis, en mentionnant quotidiennement leur histoire passée et leur histoire actuelle, sans limiter leur participation à l’école de langue française selon leur capacité de s’exprimer en français. Par conséquent, les personnes blanches des deux communautés de langues officielles doivent cesser de dire qu’elles sont les seuls ou les premiers habitants à résider sur le territoire qu’on appelle aujourd’hui le Canada; 
  • Admettre que, dans les deux communautés de langues officielles, le pouvoir repose le plus souvent entre les mains des personnes blanches; les données statistiques le montrent et la recherche met en exergue ses effets;
  • Partager son appréciation positive de l’identité noire, ainsi que de l’histoire passée et de l’actualité des communautés noires du Canada. Il importe de reconnaître à travers tous les aspects du système scolaire que l’histoire des Noi.r.e.s fait partie intégrante de l’histoire du Canada.
  • Accepter que le racisme systémique existe et qu’il a un impact réel, actuel et historique sur les personnes noires plus que sur les autres minorités visibles, même celles nées au Canada, à cause de leur phénotype ou de la couleur de leur peau. Il ne s’agit donc pas de limiter la problématique à la réalité des immigrant.e.s noir.e.s.

 

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Mélissa Villella

Mélissa Villella, Ph.D. est professeure en éducation à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Ses intérêts de recherche sont, entre autres, l’éducation francophone minoritaire, le phénomène de l’exogamie et les politiques linguistiques.

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