Le leader collaboratif : Rassembler pour mieux régner
Au cours des vingt dernières années et au fil de mes expériences, force est de constater que nous assistons à l’émergence d’une société dite collaborative qui s’inscrit dans une transformation des mentalités, particulièrement dans les jeunes générations.
Le modèle collaboratif n’est pas nouveau en soi mais l’essor du numérique a certainement accéléré son développement. Les caractéristiques du web dont la diversité, l’inter-connectivité et l’innovation ouverte, sont assurément quelques facteurs qui ont intensifié les pratiques collaboratives qui se sont installées dans nos organisations à la vitesse grand V. À titre d’exemple, le web participatif facilite notamment la mise en réseau et encourage la transparence des échanges, influence notre mode de vie, notre façon de penser, d’agir, de consommer, de s’éduquer, de collecter des fonds en ayant recours davantage à de l’intelligence collective et à une gestion participative.
Devant cette nouvelle réalité, notre société évolue vers de nouvelles formes d’organisation du travail et nous amène à circonscrire un nouvel horizon pour les leaders de demain.
À la lumière de mes années d’observation, un leader est d’abord et avant tout une personne qui est en mesure de passer du « je au nous ». Il partage ses valeurs, son savoir, ses objectifs, en propose aux autres et implante des stratégies. Il créé une vision et la fait vivre dans l’action. Par l’entremise de ses gestionnaires, cette vision se traduit en projets concrets. En principe, un leader passe 90 % de son temps dans l’action et 10 % dans l’exploration. Il possède un sens de l’écoute aiguisé et fédère les personnes vers un but commun. Sa passion est contagieuse ce qui lui permet de motiver et mobiliser son entourage.
Le leader sait également reconnaître le talent des autres. Il le repère, le propulse et encourage les autres à donner le meilleur d’eux-mêmes et, par ricochet, à développer une meilleure estime d’eux-mêmes. En ce faisant, il responsabilise l’autre en lui octroyant plus de pouvoirs lui permettant d’avoir un impact soit relationnel ou motivationnel communément appelé de « l’empowerment ». Dans ce contexte, le leadership s’apparente davantage à un processus où le leader met le capital humain au service d’une action collective associée à de l’influence collaborative.
Le leader créé un environnement propice au transfert de savoirs et de compétences. Dans une organisation, le leader partage ses connaissances et aide ses collaborateurs à développer leurs compétences. Il les implique dans la prise de décision, encourage le bottom up (prise de décision aux échelons les plus bas). Par exemple, le leader pourrait très bien refuser de prendre position au début d’une discussion laissant la possibilité à d’autres de faire émerger de nouvelles idées. Il capitalise sur l’étalonnage et va au-delà de ses tâches.
Idem pour ses collaborateurs. Il se sert à bon escient de son intelligence émotionnelle qui l’amène à s’adapter et à communiquer avec les différentes générations. Et le leader développe son réseau dans le but d’élargir sa sphère d’influence. Il se fait connaître pour se faire reconnaître.
Ce type de leader possédant de telles qualités est associé très souvent au leader « collaboratif ». Cohésion et harmonie sont sa quête quotidienne car il appuie son leadership sur la force collective. D’entrée de jeu, l’intégration de ses collaborateurs fait partie de l’équation et ceux-ci se sentent appuyés. Dans l’action, tout en mettant les résultats sur l’équipe, il valorise chaque collaborateur ce que plusieurs leaders collaboratifs ont tendance à oublier. Il doit garder à l’esprit qu’il doit toujours motiver chacun de ses collaborateurs, particulièrement les performants.
Peu importe l’organisation dans laquelle vous œuvrez (entreprises, organismes, milieu scolaire, milieu gouvernemental, etc.), l’objectif premier du leader est de prendre des décisions qui permettront à l’organisation de vivre en harmonie avec ses collaborateurs plutôt qu’en conflit avec eux. Le leader ne doit jamais oublier la situation d’ensemble. Il doit agir avec discernement ou clairvoyance guidé par ses valeurs et son sens moral. Il doit également bien comprendre la raison d’être de son organisation. Aucune organisation ne peut survivre à long terme si elle n’offre pas de valeur ajoutée à ses clients. Il faut agir avec assurance, selon ses croyances et en fonction de ses valeurs.
Conclusion
La collaboration est au cœur de la transformation numérique et de la révolution technologique. Le leader collaboratif a des effets très positifs sur le climat et la motivation des équipes. Il donne ou redonne du sens, mobilise et favorise l’engagement.
Le leader de demain sera jugé davantage sur son capital social. Notre société devenue collaborative nous invite à revenir aux sources : avant d’être un membre d’une organisation, nous sommes tous un membre de la société. Nous devons non seulement vivre en harmonie avec la société mais nous devons contribuer à l’avancement de celle-ci.
Maintenons cet équilibre.
Photo: Andrey Popov (iStock)