La neuroscience peut nous en apprendre beaucoup sur ce qui nuit à la persévérance scolaire
Malgré le fait que les systèmes d’éducation provinciaux ont réalisé de beaux progrès en matière de prévention du décrochage, les jeunes continuent de quitter l’école trop tôt et d’abandonner leurs études en trop grand nombre. Lorsque l’ACE a demandé à des éducateurs de partout au pays de déterminer les plus importants obstacles au changement en éducation, 17 %[1] d’entre eux estimaient qu’il s’agissait des mentalités et des postulats profondément ancrés sur l’éducation et l’instruction. Ce constat m’a poussé à explorer comment l’ACE pourrait organiser un événement qui encouragerait les éducateurs à commencer à remettre en question leurs propres convictions sur l’enseignement et l’apprentissage, ainsi que les systèmes au sein desquels ils travaillent. Je pense que le potentiel pratiquement inexploité des recherches émergentes en neuroscience, qui montrent comment le cerveau des élèves apprend de façon optimale, contribuera à définir de nouvelles pratiques d’enseignement qui pourraient avoir des retombées positives sur l’engagement, la réussite et – finalement – la persévérance scolaire des élèves.
L’un des rôles de soutien essentiel assumé de longue date par l’ACE a été de veiller à ce que les éducateurs puissent prendre connaissance du plus grand nombre possible de faits utiles et fondés sur des données tangibles qu’ils peuvent associer aux pratiques. Lors de notre symposium qui aura lieu à Québec, sur le thème de La persévérance scolaire – Ce que la neuroscience peut nous enseigner, nous examinerons notre conception des rouages et du développement du cerveau humain, ainsi que l’application de méthodes permettant de mettre en pratique de nouvelles connaissances scientifiques dans la salle de classe. De nouvelles techniques d’imagerie mentale réfutent de nombreuses convictions traditionnelles relatives à la façon dont nous pensons que les enfants apprennent. En les associant à l’application des résultats des recherches en neuroscience pour s’attaquer aux faibles niveaux de littératie, de numératie et de bonne forme physique – des indicateurs clés du décrochage –, ces découvertes pourraient changer la façon dont nous aidons les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage et pourraient augmenter l’efficacité de l’enseignement.
Steve Masson présentera des « neuromythes » controversés pour remettre en question la légitimité de nombreuses méprises bien établies sur la façon dont le cerveau fonctionne et la façon dont les enfants apprennent. Si vous croyez que les apprenants peuvent être visuels, auditifs et expérientiels, ou à dominance hémisphérique gauche ou droite, ou si vous recevez constamment des publicités alléguant que des jeux, des produits ou des sites Web éducatifs stimulent l’intelligence ou améliorent l’apprentissage à l’aide des principes de la neuroscience, vous pourriez être étonné d’apprendre ce que les recherches les plus récentes ont dégagé. Ces neuromythes peuvent en fait influencer négativement la façon dont les élèves se perçoivent comme apprenants.
Nous avons tendance à négliger le fait que les élèves ayant de faibles niveaux de littératie n’obtiennent habituellement pas non plus de bons résultats en mathématiques. Veiller à ce que nos élèves acquièrent une bonne capacité en mathématiques pour toute la vie représente une difficulté considérable pour nos systèmes d’éducation. Daniel Ansari, Ph. D., mettra fin au débat causé par des opinions et des convictions biaisées sur les méthodes efficaces à l’origine de la « guerre des maths ». À l’aide de données tangibles solides émanant des domaines de la psychologie et de la neuroscience, il fera état des méthodes d’enseignement qui permettent à tous les apprenants de réussir en mathématiques.
Nous savons tous que les élèves ont besoin de beaucoup d’exercice et de sommeil, ainsi que d’une nutrition adéquate, pour parvenir à se concentrer et à apprendre. (Et je dirais que les mêmes principes s’appliquent aux éducateurs.) Il existe une corrélation directe entre la bonne condition physique et la santé mentale, qui sont deux facteurs importants pour la persévérance scolaire. Lindsay Thornton, Ph. D., Alex Thornton, Ph. D., et Chris Gilbert, Ph. D., partageront leurs découvertes sur la quantité précise d’exercice – ainsi que d’autres facteurs externes comme le sommeil – qui influe sur le cerveau et son incidence sur la capacité des élèves à se concentrer et à rester engagés en salle de classe.
Fondées sur des données tangibles, ces trois approches sur la façon dont nous pouvons réduire le nombre de décrocheurs précoces, lequel demeure obstinément élevé, représentent une excellente occasion d’apprentissage tant pour les directeurs de commissions scolaires que les directeurs d’école et les enseignants, car tous devront remettre en question leurs notions sur le fonctionnement du cerveau des élèves. Les participants au symposium retourneront au travail armés de meilleures méthodes pour aider les élèves, particulièrement ceux qui sont à risque de décrocher. J’espère que vous pourrez vous joindre à nous.
[1] Hurley, Stephen. Le changement : un beau défi – Éducation canadienne : Transformer la vision en action. Association canadienne d’éducation 2014. http://www.cea-ace.ca/fr/publication/le-changement-un-beau-d%C3%A9fi-%C3%A9ducation-canadienne-transformer-la-vision-en-action