|
Chemins, Engagement, Évaluation, Pratiques prometteuses

Comment favoriser la persévérance scolaire : l’avis d’intervenants

Interpelée par les membres de la Table Éducation en Chaudière-Appalaches (TÉCA) soucieux de mieux comprendre le phénomène et les enjeux pour la région, notre équipe de recherche a réalisé une étude sur le thème Persévérance scolaire en Chaudière-Appalaches (PSCA; 2011-2013) dont la particularité a été de donner la parole à des jeunes (dont plusieurs à risque de décrochage) ainsi qu’à des intervenants œuvrant auprès d’élèves du primaire, du secondaire et de jeunes adultes (encore aux études ou ayant abandonné

Interpelée par les membres de la Table Éducation en Chaudière-Appalaches (TÉCA) soucieux de mieux comprendre le phénomène et les enjeux pour la région, notre équipe de recherche a réalisé une étude sur le thème Persévérance scolaire en Chaudière-Appalaches (PSCA; 2011-2013) dont la particularité a été de donner la parole à des jeunes (dont plusieurs à risque de décrochage) ainsi qu’à des intervenants œuvrant auprès d’élèves du primaire, du secondaire et de jeunes adultes (encore aux études ou ayant abandonné un programme de formation).

Pour les besoins de l’étude, 50 intervenants ont été invités à consigner par écrit, et de mémoire, des pratiques favorisant selon eux la persévérance scolaire chez les 10 à 25 ans. Il devait s’agir d’initiatives « locales » ou de programmes formels mis en place dans leur milieu scolaire ou communautaire. Pour chacune des pratiques, il a été demandé aux intervenants de partager les renseignements suivants :

  • Le titre et la thématique abordée;
  • L’âge des jeunes impliqués et la clientèle cible;
  • Une description de la pratique, ses objectifs et ses retombées;
  • Les acteurs impliqués et leur rôle;
  • Le fait que la pratique ait été évaluée ou non.

 L’inventaire des pratiques partagées par les intervenants peut être consulté à l’adresse suivante : www.uqar.ca/pr-psca. Des 156 pratiques partagées, 96 s’adressent aux élèves du secondaire (12-18 ans), 66 aux jeunes adultes (16 ans et +) et 31 aux élèves du primaire (10-12 ans). Il est à noter qu’une pratique peut viser plusieurs niveaux scolaires à la fois; c’est ce qui explique que les fréquences soient supérieures au nombre de pratiques partagées.

 Parmi les thématiques les plus souvent rapportées, ce sont les 50 problèmes d’apprentissage et d’adaptation scolaire qui arrivent en tête de liste. Viennent ensuite les 26 métiers, stages et projets de vie, la programmation des 16 activités culturelles et sportives en parascolaire ainsi que les 15 habiletés sociales et activités de prévention de la violence. (Voir la synthèse au tableau ci-joint.)

 Voici quelques exemples d’initiatives « locales » ou de programmes formels recensés auprès d’intervenants, dont 79 des 156 ont été soumis à une évaluation de leurs incidences en regard de leurs objectifs d’intervention :

  • Approche par privilèges : récompenser les « bons coups », améliorer le lien élève – adulte;
  • École en santé : promouvoir l’adoption de saines habitudes de vie;
  • Programmes « Vers le Pacifique » (niveau primaire) et « Pratiquons Ensemble nos Compétences (PEC) » (niveau secondaire) : favoriser le développement d’habiletés sociales et de relations positives avec les pairs et les adultes;
  • Projet « Base 10 » (inspiré du projet PRIME en maths) : cibler les difficultés de l’élève en regard à l’apprentissage des maths afin d’intervenir au « bon endroit »;
  • Divers programmes de concentrations – PALS (10-18 ans) (ex. : hockey, arts du cirque, musique, langues) : développer des compétences diverses, l’estime de soi, etc.;
  • Programmes de tutorat : augmenter la réussite dans la ou les sphères en difficulté chez l’élève à risque et l’estime de soi chez le tuteur;
  • Coaching toxico et TOXIMOTI : prévenir et intervenir sur les problèmes de dépendance;
  • Pré-DEP : alternance entre les stages et l’école en formation professionnelle;
  • IDEO 16-17 ans : travailler et accompagner le jeune décrocheur dans ses objectifs et actions (ex. : emploi, école, médiation);
  • Camps du CIMIC (ex. : camp de trois jours pour les élèves qui souhaitent explorer divers métiers, équipements, métaux et technologies).

hebert_table_420x347

Il apparaît important de positionner le recours à ces diverses pratiques au regard de la parole des jeunes. Dans le cadre de notre étude, le propos des jeunes interrogés relativement à l’engagement et à la persévérance scolaire est clair : l’école doit proposer un lieu de socialisation, des activités pour bouger (cours d’éducation physique et activités sportives), des activités en parascolaire incluant des sorties et un milieu exempt d’intimidation. Si et seulement si l’environnement scolaire comporte ces éléments, les jeunes se disent prêts à jouer leur rôle d’apprenants engagés dans leur parcours scolaire et leur projet de vie. Fait à noter, ces mêmes jeunes rapportent que leur rapport à l’éducation et leur réussite passent par le rôle de l’enseignant; c’est-à-dire qu’ils recherchent une bonne relation enseignant-élève. Donc, le choix d’intervention en matière de persévérance scolaire devrait tenir compte de l’avis des jeunes et privilégier les pratiques permettant l’utilisation de modalités d’évaluation de la part des divers acteurs impliqués. Alors, comment favoriser la persévérance scolaire? En tenant compte, entre autres, de l’avis d’intervenants si important et complémentaire à celui des jeunes!

Photo: courtesy Kawartha Pine Ridge District School Board

Première publication dans Éducation Canada, mai 2015


[1] Une pratique peut concerner en simultanée plusieurs niveaux scolaires. C’est ce qui explique que les fréquences soient supérieures au nombre de pratiques partagées.

[2] Nombre de pratiques partagées.

Apprenez-en plus sur

Dominic Simard

Dominic Simard, M.A., est professionnel de recherche à l’Université du Québec à Rimouski.

Découvrir

Éric Frenette

Professeur titulaire, Université Laval

Éric Frenette, Ph. D., est professeur à l’Université Laval.

Découvrir

Julie Mélançon

Julie Mélançon, Ph. D. est professeure à l’Université du Québec à Rimouski.

Découvrir

Martin Gendron

Martin Gendron, Ph. D. est professeur à l’Université du Québec à Rimouski.

Découvrir
Marie-Hélène_Hébert

Marie-Hélène Hébert

Professeure, Université TÉLUQ

Enseignante de formation, Marie-Hélène Hébert est professeure à l’Université TÉLUQ en mesure et évaluation.

Découvrir

Il vous reste 5/5 articles gratuits.

Mon compte Rejoignez notre réseau