Agir mieux, plus ou autrement?
On peut lever notre chapeau aux écoles francophones qui s’ingénient à repenser leur agir professionnel alors que les réalités sociales et scolaires se complexifient dans un contexte où, proportionnellement, la population francophone canadienne diminue. Plus que jamais, Éducation Canada souhaite être là pour appuyer les changements qui s’opèrent dans le monde scolaire. En fait, pour la première fois depuis l’existence de la revue ÉdCan, nous en publions un numéro uniquement en français, cherchant ainsi à être plus pertinents pour le personnel éducatif francophone de nos écoles.
Les difficultés de l’école francophone à travers le pays se ressemblent malgré l’asymétrie qui fait qu’à certains endroits les classes se vident tandis qu’à d’autres, les locaux sont bondés d’élèves. Dans les deux cas, le personnel scolaire compose avec un monde en mutation et côtoie des élèves qui arrivent avec leurs forces et leurs besoins particuliers, des matières brutes avec lesquelles les pédagogues réinventent continuellement leur agir professionnel.
Le personnel éducatif, très résilient de nature, réclame de plus en plus d’appui et de formation pour toutes les nouveautés qui s’imposent, y compris la diversification des équipes de travail et des élèves qui lui sont confiés. Déjà, ce personnel se trouve souvent insuffisant en nombres, notamment pour les tâches d’accueil de nouveaux arrivants (tant chez les élèves que chez le personnel enseignant), pour les tâches d’accompagnement, d’accommodement et d’évaluation, pour assurer le bienêtre et la sécurité de chacun, pour créer des liens signifiants…, il mérite, pour optimiser ses interventions, d’être guidé par un leadership réfléchi, compétent et conscient. Il mérite d’avoir la capacité de son mandat.
Dans ce numéro, Guay et Gagnon (p. 10) répandent l’espoir d’agirs professionnels fédérés par des leaders formés pour composer avec les contextes particuliers et fluctuants. Ronald Boudreau (p. 8) pose des questions de fond quant à l’utilisation des outils disponibles en français pour appuyer le développement de citoyens engagés et compétents. Comment ces outils sont-ils présentés au personnel enseignant? – ou – le sont-ils? Quelles conditions d’application sont mises en place pour que ces outils fassent leur œuvre? Qu’apprendrait-on en évaluant la santé des écoles de langue française par un suivi auprès de ses diplômés? En ce qui concerne les élèves qui viennent s’ajouter à la grande famille francophone canadienne et québécoise, Hélène Magny (p. 15) explique sa motivation dans la réalisation de son important documentaire intitulé « Je pleure dans ma tête », une production qui soutient le personnel enseignant dans ses efforts pour comprendre les traumatismes des élèves réfugiés. De son côté, Mélissa Villella, (p. 18) éclaire de données des situations trop fréquentes de racisme au sein même du personnel scolaire venu en renfort dans les écoles publiques.
Un numéro qui parle de situations qui nous amènent probablement à agir mieux – pas nécessairement plus – mais assurément à agir autrement, de manière réfléchie, compétente et consciente.
Première publication dans Éducation Canada, janvier 2023